Une consœur anversoise accusée d’avoir diffusé sciemment des informations erronées concernant l’efficacité des vaccins Covid s’est vu infliger une lourde peine en première instance. Elle aurait également pris les mesures de prévention à la légère.

Le Conseil Provincial a reçu récemment deux plaintes à l’encontre d’une consœur anversoise, qui a affirme notamment dans une vidéo d’information diffusée sur internet que les vaccins covid ne sont ni sûrs ni efficaces et contredit les chiffres des autorités. Une patiente l’a également accusée d’avoir retiré son masque en l’accueillant à son cabinet, en la priant de faire de même. Face au refus de la patiente, la doctoresse aurait remis son masque à contrecœur, en déclarant qu’il s’agissait d’une atteinte à sa liberté. Ses collaborateurs aussi auraient négligé les règles de distanciation sociale.

Pour se défendre, l’intéressée a notamment déclaré à la commission d’enquête qu’elle avait demandé à la patiente de retirer son masque parce qu’elle avait du mal à la comprendre. Face à sa réaction de panique, elle aurait ensuite tenté de la rassurer en lui expliquant qu’il s’agissait d’un virus dangereux, mais pas forcément mortel. Elle a également prétendu que la patiente souffrait de graves problèmes psychologiques.

La consœur affirme par ailleurs avoir respecté les mesures de prévention et déclare toujours porter un masque, tout comme ses collaborateurs. La vidéo controversée s’inscrivait dans le cadre des activités de Docs4opendebate, une organisation qui réclame un débat critique à propos des mesures prises dans le cadre de la crise du coronavirus. La praticienne estime que les possibles effets secondaires des vaccins n’ont pas été suffisamment étudiés et qu’il est de son devoir d’informer la collectivité, soulignant que l’on s’arrête trop peu sur les « dégâts collatéraux » de ces produits. Elle prétend néanmoins se tenir aux règles en vigueur en dépit de son attitude critique.

Toute une liste d’infractions

Le Conseil a choisi de l’acquitter en ce qui concerne son manque d’attention supposé à la prévention, à la protection et à la promotion de la santé.

L’Ordre l’a par contre reconnue coupable de diffuser et de soutenir des informations contraires à la science et de collaborer ainsi à la désinformation. Il a également dénoncé de graves lacunes dans ses compétences et son attitude, estimant qu’elle avait omis d’agir en fonction de l’état actuel des connaissances, de prendre conseil auprès de ses collègues et de faire preuve de la collégialité requise. Il juge par ailleurs qu’elle n’a pas su préserver son indépendance professionnelle.

En tant que médecin et personne de confiance, le fait de diffuser des avis sans fondement scientifique revient à miner les chances de réussite de la campagne de vaccination.

Plus largement, l’attitude de la consœur anversoise témoigne d’un manque de reconnaissance vis-à-vis du travail des nombreux collègues qui ont mis en danger leur santé et celle de leurs proches pour prendre soin des patients tout au long de la pandémie, mais aussi d’un manque total de respect vis-à-vis des nombreuses victimes de la Covid.

Pour un membre du corps médical, créer une impression de sécurité trompeuse et compromettre la motivation des citoyens à se faire vacciner en recommandant aux patients Covid des mesures et traitements sans efficacité préventive ou curative démontrée (p.ex. vitamine C à hautes doses) est déontologiquement irresponsable. Il en va de même pour la participation à des forums et vidéos où la pandémie est présentée comme un simple complot, souligne encore l’Ordre.

En raison de la gravité des faits, la consœur s’est vu infliger une suspension effective de deux ans. Elle a fait appel de cette décision.

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