Afin d'éviter de surcharger les MG alors que s’ouvre la saison des infections respiratoires, des organisations flamandes de médecins ont soufflé à l’oreille du RAG (le Risk Assessment Group) une nouvelle stratégie de dépistage qui intègre les autotests. Côté francophone, le Collège de médecine générale dit n’avoir pas pour ambition d’(é)dicter une stratégie aussi complète. Mais il comprend le pourquoi de l’initiative et est preneur de toute simplification.
La stratégie de testing/tracing revue et corrigée aurait pour ligne directrice l'injonction : "si vous présentez des symptômes [laissant penser qu'il peut s'agir du covid], faites d’abord un autotest". L'algorithme proposé dépeint la marche à suivre en cas d'autotest positif vs. négatif. Il est depuis quelques semaines sur la table du RAG, sur initiative de la société scientifique Domus Medica (*) qui s’est ralliée pour la circonstance au VAS (la branche flamande de l'ABSyM), à AADM et à l'ASGB. Pour ses initiateurs, cette introduction de l'autotest dans la stratégie de dépistage vise à anticiper la lassitude de la population et des MG pour les tests PCR. Le Dr Jos Vanhoof, membre du conseil d'administration du VAS : "nous devons à la fois garder l'épidémie sous contrôle et éviter de faire peser une charge trop lourde sur les généralistes et le système de soins ».
Sans entrer dans les détails tant qu’on en est au stade de proposition, le scénario suggéré par les associations flamandes consiste à dire qu’en cas d'autotest positif, ou si le patient désire un contrôle médical ou s'il souffre de maladie(s) grave(s), un contact avec le généraliste s'impose. Mais il ne serait pas nécessaire de (l'envoyer) faire un test PCR, il suffirait en qualité de MG de signaler un cas positif pour que ses contacts à risque soient répertoriés. Si l'autotest s’avère négatif, les personnes vaccinées seraient reçues au cabinet pour examiner leurs plaintes. Les personnes non vaccinées seraient testées selon la définition officielle de cas.
Qu’en pense-t-on côté francophone ? Le Collège de médecine générale (CMG) a-t-il été associé à la réflexion ? « Le CMG n’a pas été associé à la démarche initiale de Domus Medica », répond son président, le Dr Christophe Barbut. « Cependant, nous partageons leurs constats et leur volonté de simplification des procédures inapplicables, par des mesures qui les rendraient plus opérationnelles pour tous les acteurs du terrain, dont les MG ».
Une différence entre flamands et francophones
Il existe probablement une différence de pression entre les cabinets flamands et francophones, fait observer Christophe Barbut, se référant à la lettre ouverte d’une MG flamande à Frank Vandenbroucke. Elle y redoute que les tests lui prennent 50 % de son temps d’ici la fin du mois d’octobre. « Nos confrères flamands ont beaucoup accompli de frottis eux-mêmes, tandis qu’au sud, nous avons écarté cette tâche et renvoyé vers les centres. La plupart d’entre nous ne frottons pas nous-mêmes les patients. » L’appréhension d’une surcharge est donc moins palpable. Il n’empêche… « Nous comprenons très bien les motivations derrière la démarche de nos confrères flamands. Nous la soutenons, en ce sens qu’elle a le mérite de proposer quelque chose de simplifié et de plus clair. (…) Ce que l’on constate, c’est que les recommandations sont appliquées de manière de plus en plus disparate en fonction des moyens et des régions, et que l’opérationnalisation des consignes varie énormément sur le terrain. » Ce pourquoi le CMG aspire à des « solutions plus vivables, avec des règles plus souples ». Mais répète ne pas s’être prononcé, en tant que Collège, sur une stratégie détaillée.
Le Dr Barbut rappelle encore qu’au final, c’est à la CIM que reviendra la décision sur tout ceci, le RAG étant « sensé traduire un consensus ».
(*) seules les sociétés scientifiques sont les interlocuteurs officiels du RAG
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