La thérapie par l'ozone est tout au plus une forme accidentelle de dopage sanguin, est-il ressorti mardi d'un rapport d'expert lors du procès du "docteur ozone" devant le tribunal correctionnel de Louvain. Pour le ministère public, cela suffit pour sanctionner le prévenu, tandis que la défense affirme que la porte de l'acquittement est désormais grande ouverte.
Chris M. (54 ans), médecin généraliste de Rotselaar, est accusé d'avoir enfreint le décret anti-dopage du 25 mai 2012, en ayant administré de l'ozone et réalisé des injections entre 2009 et 2013 sur des sportifs. Vingt sportifs de six disciplines différentes appartenaient à sa patientèle.
Lors de la cinquième audience de ce procès, le lien entre thérapie par l'ozone et dopage sanguin a été questionné, sur base du rapport de Wim Develter, médecin légiste à l'hôpital universitaire de Louvain (UZ Leuven).
Selon l'expert, on ne peut exclure que des fractions d'ozone arrivent dans le sang lors d'injections intramusculaires. Le ministère public en conclut que le médecin généraliste "a intentionnellement appliqué une méthode d'amélioration des performances". "Les injections ont été consciemment réalisées dans les muscles parce qu'ils contiennent beaucoup de vaisseaux sanguins", a souligné le procureur. "Le résultat n'est pas mathématique mais dans environ deux cas sur trois, les produits injectés arrivent directement dans le sang. L'expert ne devait pas se prononcer sur le côté intentionnel de la pratique mais il est clair que le médecin a délibérément prodigué un traitement pour améliorer les performances", estime-t-il. Il a requis 18 mois de prison à l'encontre du prévenu.
Pour la défense, son client n'a jamais eu l'intention de doper ses patients, dont faisait notamment partie Greg Van Avermaet. Elle a réfuté les affirmations du procureur. "Il n'y a jamais eu d'amélioration des performances, du point de vue médical le traitement est parfaitement justifié et l'ozone n'est pas une substance interdite", s'est exclamé Me Toon Muysewinkel. Selon ce dernier, le lien entre thérapie par l'ozone et dopage sanguin n'a pas été démontré. "Mon client n'a effectué que des injections intramusculaires avec du gaz pur. Les produits atterrissaient dans les tissus musculaires et non dans le flux sanguin. Lors d'une manipulation accidentelle, un vaisseau sanguin peu t être touché et une fraction d'ozone peut arriver dans le sang. Il n'existe aucune preuve ou même indication qu'il s'agisse d'une méthode interdite."
La défense a de nouveau plaidé pour l'acquittement.
Le tribunal rendra son jugement le 15 janvier.