L’OMS termine 2017 par sa traditionnelle rétrospective des grandes problématiques sanitaires auxquelles elle s’est attaquée. Un survol des 12 mois écoulés qui a souvent, vu depuis nos latitudes, un parfum d’ailleurs, d’écart avec notre réalité. La résistance aux antibiotiques, par contre, fait figure de problème planétaire. Pour l’OMS, «c’est une urgence sanitaire mondiale qui va mettre en péril les progrès de la médecine moderne».
L’OMS a, cette année, contrecarré une flambée de peste à Madagascar, de choléra au Yémen et de fièvre jaune au Nigéria. Elle a confirmé ses actions globales tendant à éradiquer la polio et maximiser la vaccination. Elle prône la transparence de la recherche, et dénonce les violences faites aux femmes et aux seniors. Elle s’alarme de la faim dans le monde qui a recommencé à progresser, de la pollution environnementale qui occasionne plus d’un quart des décès d’enfants de moins de 5 ans, et a lancé une initiative spéciale pour protéger les habitants des petits états insulaires contre les conséquences du réchauffement climatique.
Dans le récapitulatif illustré de ses chantiers et défis 2017, un thème a le triste honneur de revenir deux fois, parce qu’il constitue un danger actuel et majeur pour la santé humaine: la montée des résistances aux antibiotiques. Pour l’OMS, le nombre de nouveaux antibiotiques en cours de mise au point est très insuffisant pour enrayer la menace croissante. Elle estime donc qu’il faut «accroître sans tarder» les investissements en recherche et développement de nouveaux antimicrobiens.
L’OMS pointe en particulier la tuberculose pharmacorésistante, «qui tue chaque année près de 250.000 personnes», mais, en outre, recense une douzaine de classes d’agents pathogènes prioritaires pour lesquels il faut, dit-elle, rapidement trouver de nouveaux traitements (Acinetobacter baumannii, résistant aux carbapénèmes, Pseudomonas aeruginosa, résistant aux carbapénèmes, Enterobacteriaceae, résistant aux carbapénèmes et à la 3ème génération de céphalosporines, Enterococcus faecium, résistant à la vancomycine, Staphylococcus aureus, résistant à la méticilline et avec résistance intermédiaire ou complète à la vancomycine, Helicobacter pylori, résistant à la clarithromycine, Campylobacter, résistant aux fluoroquinolones, etc.).
En s’appuyant sur un programme de surveillance couvrant plus de 70 pays, l’OMS prend l’exemple de la gonorrhée, IST courante affectant 78 millions de personnes chaque année, qu’il «est devenu plus difficile, voire parfois impossible, de traiter» avec les anciens antibiotiques. «Les données 2009-2014 indiquent une résistance généralisée à la ciprofloxacine [97% des pays ayant notifié des données durant cette période ont découvert des souches pharmacorésistantes]; une résistance croissante à l’azithromycine [81%]; et l’apparition d’une résistance au traitement actuel de dernier recours: les céphalosporines à spectre étendu, à savoir la céfixime (voie orale) ou la ceftriaxone (injectable) [66%]», indique l’organisation onusienne.
Elle a du reste, et une nouvelle fois, appelé à ce que les éleveurs et l’industrie alimentaire cessent d’utiliser systématiquement à titre préventif, chez les animaux de rente sains et destinés à la consommation, des antimicrobiens importants pour la médecine humaine.
Infographie sur les antibiotiques d’importance critique pour la santé humaine.
