Ce mercredi, un arrêt de travail a eu lieu entre 10 h et 11 h chez les médecins généralistes wallons à l’appel de l'ABSyM Wallonie. Le mouvement a été bien suivi en Wallonie et notamment en Wallonie Picarde (Cercles de Tournai, Ath, Mouscron et Comines). Mais sans réaction du ministre Vandenbroucke les MG sont prêts à envisager une grève de la nuit profonde "pour qu’il prenne bien conscience de notre réalité quotidienne de terrain."
Pour rappel, cet appel faisait suite à l'absence de progrès dans le dossier du 1733 et aux obligations non fondées qui pèsent sur les médecins en ce qui concerne la garde. Actuellement, les médecins généralistes sont contraints de répondre à toutes les demandes des citoyens pendant la nuit noire (de 23h à 8h). Le travail de tri, qui doit être normalement effectué par le 1733, ne l’est plus. Les médecins généralistes sont donc contraints de le faire eux-mêmes.
Cette grève est toutefois restée sans réponse aujourd’hui de la part du ministre Vandenbroucke qui n’a pas renoué le dialogue ou posé un geste à l’attention des médecins généralistes.
Face à cette réalité, la Dr Elodie Brunel (photo), généraliste et administratrice de l’Absym entend poursuivre la lutte : « Nous allons durcir le ton si le ministre ne veut pas entendre la voix des généralistes de terrain. Nous allons devoir sans doute envisager une grève de la nuit profonde pour qu’il prenne bien conscience de notre réalité quotidienne de terrain. Nous sommes prêts à mener des actions au finish pour qu’ils comprennent réellement la problématique. Cela fait plus de 6 mois que ce dossier est en négociation et il n’y a toujours pas de terrain d’entente. Evidemment, nous n’avons pas la volonté de pénaliser nos patients. Nous voulons plutôt en prendre soin. Mais le ministre doit nous écouter, nous qui sommes au quotidien sur le terrain. »
Un manque de respect
Un avis partagé par le Dr Bernard Dallemagne, président du cercle AMGBM qui est très clair : «Nous voulons que les autorités fédérales prennent la responsabilité du tri qui est un service à la population. Le ministre de la santé dit qu’il nous entend, mais il ne nous entend pas. Ce genre de situation n’aide pas les médecins qui travaillent et ne va pas permettre d’attirer des jeunes médecins dans la profession. Il y a réellement un manque de respect du ministre envers notre profession. »
Pour lui, d’autres actions devront être entreprises : « Le souci évidemment... c’est qu’une grève touche les patients aussi. Toutefois, nous devons agir. À mon avis, il convient de faire une grève des nuits profondes. Evidemment, ce sera au détriment des services d’urgence...mais nous devons être entendus. »
Le soutien des jeunes médecins
Cette problématique est également au centre de l’attention des jeunes médecins qui étaient nombreux à se mobiliser aujourd’hui. Le Dr Salvatore Bonelli, assistant en médecine générale attend aussi un acte de la part du ministre de la santé : « Du côté des jeunes médecins, nous ne nous sentons pas écoutés ou pris au sérieux par le ministre. Aujourd’hui, nous voulions envoyer un signal pour être entendus. Nous nous soucions beaucoup de la qualité de vie des médecins. Nous avons l’impression d’être balayés d’un revers de main alors que nous sommes un métier en pénurie. Dans ce dossier du 1733, le ministre dit aux jeunes qu’ils vont avoir moins d’aide pour les gardes et qu’ils vont perdre en qualité de vie. Cela nous inquiète alors que l’on nous parle d’une médecine différente avec un projet comme le New Deal. »
Pour lui, des actions vont sans doute devoir encore être menées : « Nous sommes prêts à nous faire entendre avec d’autres actions si rien ne bouge. Il faut que le ministre se rende compte qu’avoir une garde de qualité permet de rendre un service de qualité au citoyen. Nous ne demandons pas de ne pas en faire....mais de pouvoir les réaliser dans de bonnes conditions. »
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