Les mutualités libres (MLOZ) se déclarent contre la prise en charge des tickets modérateurs (TM) par l'assurance complémentaire, sauf si cela est «justifié par un critère médical». Leur directeur général, Xavier Brenez, invite Maggie De Block à réorienter l'assurance complémentaire des OA sur les besoins de santé prioritaires. 

La récente annonce par Solidaris du remboursement des TM en médecine générale tient du «coup marketing car l'argument avancé, celui de favoriser l'accessibilité, ne tient pas la route. Nous savons bien que le problème de l'accessibilité financière, et le report des soins d'une partie de la population pour raison financière, ne sera pas amélioré en remboursant les 1 eur (pour les BIM) ou les 4 eur (pour les non-BIM) de ticket modérateur pour les visites chez un généraliste. Le problème, ce sont surtout les suppléments d'honoraires chez certains spécialistes et les prestations peu ou pas remboursées comme les lunettes, l'orthodontie, certains médicaments, les appareils auditifs, etc. Par ailleurs, l'accessibilité n'est pas qu'un problème de remboursement. Les soins dentaires pour les moins de 18 ans sont par exemple intégralement remboursés et on voit que malgré cela une proportion importante de jeunes ne fréquentent pas régulièrement leur dentiste», entame Xavier Brenez, quand on sollicite de sa part une réaction à l’initiative de la mutualité socialiste. Qui selon lui, diffuse un message trompeur en promettant ‘des soins 100% remboursés’ quand les suppléments ne le seront pas.

Le directeur général des mutualités libres dit en outre regretter que «cet avantage se fasse sur le dos de l'assurance obligatoire. Il y a bien un risque de surconsommation lorsqu'il n'y a aucune quote-part personnelle.» Lui-même ne trouve pas que le critère préalable d’avoir un DMG pour bénéficier de la prise en charge des TM soit un argument convaincant. «Soyons honnête, même si le DMG est une bonne chose pour les patients qui doivent être suivis régulièrement, il n'a pas beaucoup de sens pour ceux qui consultent leur médecin généraliste épisodiquement. La balance est vite faite pour la collectivité puisqu'un DMG coûte 30 eur par an à l'assurance maladie pour obtenir quelques euros de remboursement de l'assurance complémentaire.»

Conclusion de Xavier Brenez: pour toutes ces raisons, les MLOZ sont contre la prise en charge des tickets modérateurs par l'assurance complémentaire. «Sauf si ceci est justifié par un critère médical, ce qui n'est pas du tout le cas ici. Des études montrent par exemple que supprimer le ticket modérateur pour les patients chroniques est bénéfique pour le patient et le système.»

Les MLOZ appellent de leurs vœux la mise en place rapide, par Maggie De Block, de «ce qui est prévu par l'accord de gouvernement, à savoir réorienter l'assurance complémentaire des mutuelles sur les besoins de santé prioritaires». Elles proposent de sortir de l'assurance complémentaire, outre les TM, les primes de naissance par exemple, ou le remboursement des camps pour enfants, de certaines thérapies alternatives ou des abonnements sportifs. «Ceci permettra de dégager des moyens financiers (30% du budget de l'assurance complémentaire) pour prendre en charge des besoins plus importants.» Pour Xavier Brenez, il demeure étonnant que Solidaris sorte ce nouvel avantage «alors que les discussions sur l'interdiction de rembourser les tickets modérateurs sont en cours depuis plusieurs mois avec la Ministre».