Maggie De Block a présenté mercredi 19 novembre au Parlement les grandes lignes de la politique qu’elle compte mener durant cette législature. Son action sera guidée par trois principes: durabilité du système, adéquation avec les besoins de la société et accessibilité pour le citoyen.
Maggie De Block: «2015 sera une année
de transformation pour les soins de santé.»
L’ «exposé d’orientation politique» présenté par la nouvelle ministre des Affaires sociales et de la Santé publique aux membres des Commissions Santé publique et Affaires sociales tient en 10 pages. On n’y trouve donc pas toutes les mesures que Maggie De Block prendra durant les 5 prochaines années. Par contre, elle y explique ses grands objectifs et la manière dont elle compte les atteindre.
Durabilité du système
«Le domaine des soins de santé devra, comme ce fut le cas sous les gouvernements et ministres des Affaires sociales et de la Santé publique précédents, aussi contribuer à l’assainissement du budget afin d’atteindre en 2018 un équilibre des dépenses et des recettes», prévient la ministre. Elle prévoit un cadre budgétaire pluriannuel stable pour les soins de santé. «Ce cadre clair et prévisible, le secteur le réclame depuis un certain temps déjà.» Avec une norme de croissance de seulement 1,5% au- dessus de l’inflation, l’heure est aux économies mais la nouvelle trajectoire doit «laisser une marge budgétaire pour de nouveaux investissements en vue de garantir des soins de santé accessibles et présentant un haut niveau de qualité.(…) Autrement dit, les dépenses continuent à augmenter mais à un rythme moins soutenu qu’aujourd’hui. Les mesures seront basées sur plusieurs principes clairs et transparents. Je demande à chacun de participer à l’effort.» Les patients seront épargnés au maximum, et en particulier les 1,8 million de Belges qui bénéficient du régime préférentiel.
Selon Maggie De Block, en tenant compte des futures réductions de prix sur les médicaments et les implants, les «effets pour le patient sont indéniablement positifs».
Une politique «EBP»
«L’Evidence based practice et la Best practice seront le leitmotiv de ma politique», soutient le Dr De Block, qui compte beaucoup sur l’expertise du KCE et de l’Inami en cette matière. Elle compte également impliquer étroitement dans le développement de sa politique les dispensateurs de soins et les mutuelles, «qui ont une grande liberté et donc une responsabilité pour engager les dépenses».
Adaptation du système
Le gouvernement Michel 1er veut garantir à tous les citoyens des soins de santé de qualité, abordables et accessibles, adaptés à l’évolution des besoins des patients et en préservant les principes de liberté de choix des patients et la liberté diagnostique et thérapeutique. Pour atteindre cet ambitieux programme, Maggie De Block va poursuivre certaines politiques déjà entamées (accessibilité des soins, développement d’une vision intégrée et de l’organisation des soins pour les malades chroniques et les maladies liées au vieillissement, poursuite de la feuille de route 2008-2013 de la plateforme eHealth) et mener un certain nombre de réformes structurelles. Premièrement, en fixant des objectifs de santé concrets. Ensuite, en organisant le paysage des hôpitaux: spécialisation pour les maladies rares et coûteuses, stimulation des hôpitaux de jour, simplification de la transition vers l’environnement familial, conversion de lits hospitaliers en accueil non résidentiel ou transmural, révision de la nomenclature, mise à jour de l’AR N°78 sur les professions de soins de santé et réflexion sur la répartition des rôles de chacun.
La ministre veut également développer une vision claire de l’organisation et de la répartition des tâches en santé mentale. «Ainsi, la première ligne de soins ambulants doit être renforcée afin de réduire l’usage excessif de psychotropes et de lits psychiatriques. Un meilleur financement et remboursement de la première ligne, par exemple dans le cadre des trajets de soins, en sera l’étape finale.»
Améliorer la concertation
Maggie De Block souhaite aussi renforcer la politique de suivi, en dynamisant davantage la politique des médicaments, en améliorant l’organisation des administrations de santé et en responsabilisant plus les mutuelles. La ministre compte procéder par étape et en concertation avec l’ensemble des parties concernées (entités fédérées, mutuelles, patients, prestataires de soins…). «Je veux mener un dialogue concernant l’organisation même de la concertation, qui est bien souvent restée inchangée depuis plus de 50 ans, sur les possibilités de simplification et de modernisation.»
Accessibilité des soins
«Les soins de santé commencent et s’achèvent chez le patient», a rappelé le 19 novembre le Dr De Block aux parlementaires qui siègent dans les Commissions Santé publique et Affaires sociales. Maggie De Block compte soutenir les balises (statut Omnio, MàF…) mises en place ces dernières décennies pour garantir l’accessibilité financière. D’autres initiatives sont prévues dans l’accord du gouvernement: émission d’une facture claire et lisible pour le patient, extension progressive du tiers-payant obligatoire chez les médecins généralistes à partir du 1er juillet 2015, négociation de contrats et d’accords (par exemple, médico-mutualiste) pour garantir la sécurité tarifaire, publication d’indicateurs sur la qualité et les prix des soins.