Avec son arrêté durcissant les conditions de remboursement des tests de dépistage du cancer du sein, Maggie De Block «n’avait pas pris une mesure exclusivement guidée par le souci de faire des économies mais en phase avec le consensus international», estime-t-on au GBO. Cela étant, manquait - et manque toujours - tout le volet ‘information adéquate de la population’ (et des MG) qui devrait accompagner ce type de révision.
Vous en avez assurément entendu parler: de nouvelles dispositions restreignant l’accès aux examens de dépistage remboursés du cancer du sein (avec par exemple suppression de la mammographie pour les femmes avant 45 ans et après 74 ans) ont suscité beaucoup d'émoi le week-end dernier. Elles auraient dû entrer en vigueur le 1er avril, mais Maggie De Block a, entre autres sur la demande de son allié gouvernemental MR, suspendu l’arrêté incriminé.
Après les voix contestataires, on a pu entendre d’autres sons de cloche, soutenant les mesures que prévoyait la ministre de la Santé. Ainsi la Société belge de radiologie a-t-elle publiquement déploré le gel de l’arrêté. Pour elle, l’adaptation de la nomenclature en radiologie mammaire qui était envisagée répondait au consensus scientifique.
Le GBO et son partenaire pour médecins spécialistes, le MoDeS, font partie de ceux qui souhaitent ne pas hurler avec les loups. Ils ne sont pas les derniers à critiquer la libérale flamande sur l’un ou l’autre dossier «mais cette fois, il faut reconnaître que sa décision était en phase avec ce qui ressort de la littérature internationale. Quand la ministre est dans le bon, il faut savoir le dire aussi», indique Paul De Munck, président du GBO.
«Bien sûr, dans ce débat déjà ancien sur le dépistage du cancer du sein, les discussions ne sont pas finies. Demain, les recommandations pourraient changer. Mais les mesures de Maggie De Block étaient raisonnables en l’état actuel des connaissances et, en l’occurrence, on ne pouvait pas lui reprocher de se laisser guider exclusivement par des considérations budgétaires. Un ministre doit mettre dans la balance coût et efficacité: l’évitement de souffrances et de mortalité, mais aussi l’utilisation des deniers publics à bon escient. De plus, puisqu’on a un test qui n’est pas anodin pour la santé, il fallait faire entrer dans l’équation le risque collectif d’irradiation de la population.»
Le MG, entonnoir à questions
Pour le syndicaliste, il est dommage que le brouhaha autour de l’arrêté ait brouillé les cartes pour les patientes: que doivent-elles croire, en définitive? Ont-elles bien compris qu’on ne privait pas d’examens les femmes à risques? Qu’on parlait de prévention et pas d’examens diagnostiques? «Il y a eu déficit de concertation au sein même du gouvernement, à voir la réaction du MR, mais aussi déficit dans la communication que le cabinet aurait dû orchestrer. On est précisément devant un sujet qui aurait mérité qu’on consente des efforts particuliers d’information et de pédagogie vis-à-vis des patientes.»
En attendant, les femmes parleront plus que probablement de tout ceci avec leur médecin de famille qui sera, si pas pris au dépourvu, en tout cas non armé par ses autorités de tutelle en outils et documents didactiques pour faire passer les bons messages, regrette Paul De Munck.
Rappelons que, pour aider les médecins à exposer sereinement aux quinquagénaires les avantages et inconvénients du dépistage d’un éventuel cancer de la prostate par dosage PSA alors qu’ils sont asymptomatiques, le KCE avait mis au point des outils d’empowerment, tels des fiches simplifiées pour patients.
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