Un an et demi après sa prise de fonction, le président de la SSMG, le Dr Quentin Mary, revient sur les dossiers importants de la médecine générale et se projette en 2023 qui sera une année particulière avec l’organisation de la WONCA Europe. Medi-sphere lui a demandé quels étaient ses priorités pour l’année à venir.
«La priorité? Que l’on prenne mieux en compte la santé mentale, dont celle de nos consœurs et confrères. Les autorités doivent mieux intégrer le prisme de la santé mentale dans toutes les décisions qui concernent les généralistes C’est essentiel pour le bien-être de notre profession.»
Et la WONCA?
Q.M.: Nous sommes heureux de pouvoir collaborer avec nos consœurs et confrères flamands de Domus Medica pour la conférence WONCA Europe 2023 à Bruxelles (au Square, Mont des Arts) du 7 au 10 juin. Elle sera précédée par la préconférence, organisée par la SSMJ et Jong Domus. En collaboration avec le FAMGB, nous recherchons d’ailleurs des médecins qui montreront à leurs jeunes collègues étrangers comment fonctionne la médecine générale en Belgique. Rien que la WONCA Europe, cela représente presque 100.000 généralistes. Avec Aurore Girard, présidente du comité organisationnel, et Jacques Vanderstraeten, vice-président du comité scientifique, nous avons une équipe très compétente. J’espère que beaucoup de médecins belges vont y participer.
Voici un an et demi, vous lanciez un appel «pour que plus de médecins s’investissent dans les projets de la SSMG». Avez-vous été entendus?
Q.M.: La période que nous vivons reste particulière, mais le nombre de cadres a augmenté de plus d’un tiers et de nouvelles dynamiques sont en place. Nous avons notamment créé une cellule Euthanasie qui a soulevé un intérêt certain car elle répondait à une demande des médecins, et qui vise à apporter des aides pour mieux gérer ces situations particulières, pour toute la population (et non pas uniquement pour les personnes âgées). Nous allons la transformer afin d’englober toutes les particularités de la «fin de vie», futur nom de cette cellule. La SSMG sera également présente au Congrès de MG France via un atelier ‘euthanasie’.
La SSMG compte-t-elle plus de membres depuis votre arrivée?
Q.M.: Le nombre de membres est resté stable. En effet, nous représentons déjà la toute grande majorité des pratiques de MG. Néanmoins, le profil de nos membres évolue. En 2020, nous étions à 50% des moins de 50 ans et en 2021, nous avons dépassé les 55% de moins de 50 ans. Nous sommes aussi passés de 55 à 57% de femmes et cette évolution est encore plus marquée à la SSMJ. Elles s’impliquent dans les réunions et apprécient notre approche scientifique de la médecine et des débats de fond.
Que pense la SSMG de la proposition de New Deal du ministre de la santé?
Q.M.: Notre priorité est que chaque Belge ait un généraliste tout en garantissant la qualité de la médecine générale et la santé mentale des prestataires. Nous proposons ainsi un temps de travail effectif de 50h sur une semaine, au-delà duquel les risques de burn-out augmentent. Les discussions autour de l’avenir de la MG ne doivent pas rester cantonnées à des effets d’annonce et être tributaires d’élections pour avancer. Nous nous attristons également de parler de l’avenir de la médecine générale, et donc des soins de santé, sans prendre en compte les autres acteurs. Il y a un manque de vision globale à long terme. Nous sommes impliqués dans le groupe de réflexion qui n’a pas encore abouti à des conclusions. Nous avons veillé à être représentatifs des médecins de demain (avec des MG de moins de 40 ans et des femmes). Par contre, le timing serré imposé n’est pas évident pour un travail de qualité, car nous restons des médecins de terrain, actifs. Il y a un manque de respect à ce niveau de la part des autorités.
Quel est l’avis de la SSMG sur l’organisation de la vaccination Covid et l’implication des généralistes?
Q.M.: Nous sommes souvent le référent scientifique de nos patients. Aujourd’hui, nous sommes satisfaits que la vaccination revienne dans le giron des généralistes... mais cela a manqué d’anticipation et il aurait été bon de prévoir plus rapidement une livraison dans les cabinets.
Et sur la vaccination Covid par les pharmaciens?
Q.M.: Le pharmacien est un partenaire privilégié du généraliste. Nous allons encore plus collaborer avec eux concernant le sevrage en benzodiazépines et la revue de médication. Je me réjouis de poursuivre mes riches échanges notamment avec Alain Chaspierre (SSPF), Nicolas Echement et Koen Straetmans (APB). Quand il y a des soucis sur le terrain, c’est surtout suite à un manque de communication, parce que les médecins et pharmaciens ne se connaissent pas. Suite aux échanges lors de concertations médico-pharmaceutiques, cela se passe souvent mieux sur le terrain. Il y a aussi des incohérences pour les patients qui ne comprennent pas pourquoi le pharmacien peut vacciner contre le coronavirus et pas contre la grippe. La délivrance directe par le pharmacien du vaccin antigrippal fait gagner un temps non négligeable.
Vous aviez annoncé ne pas vouloir présider seul. Est-ce facile ce travail en équipe?
Q.M.: Une des richesses de la SSMG est que nous restons des médecins actifs, et cela doit le rester. Nous nous améliorons à différents autres niveaux: l’efficience, la communication, la transparence financière. Nous avons créé le CDR 2.0, comprenant les pôles principaux dans l’organisation de la SSMG, afin d’améliorer notre fonctionnement: recherche, enseignement, coordination des cellules, communication, mentorat (pour impliquer et aider les plus jeunes), innovation et stratégie. Nous avons aussi établi un barème de financement pour chaque représentation externe afin d’en améliorer la transparence et par respect pour l’implication et le travail réalisés. Par ailleurs, dans les cellules, une culture de la multidisciplinarité, voire de l’interdisciplinarité, est développée.
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