Euthanasie, avortement: l’objection de conscience n’est pas un absolu ( Pr Christian Mélot )

Au retour de sa participation à la réunion du Conseil Européen des Ordres de Médecins, le Pr Christian Mélot, vice-président francophone de notre Ordre National des Médecins, nous fait part de réflexions en cours concernant l’objection de conscience

En Belgique, le médecin n’est pas obligé de prester un acte qui va à l’encontre de ses convictions personnelles. Mais ce n’est pas sans conditions : le code de déontologie précise que « Art. 31 : Les convictions personnelles du médecin ne peuvent compromettre la qualité des soins à laquelle le patient a droit et Art 32 : Si le médecin estime qu’il est impossible de poursuivre une relation thérapeutique ou de réaliser une intervention ou un traitement, il en informe à temps le patient et organise la continuité des soins ». Cela vaut, par exemple, pour l’IVG ou pour l’euthanasie. Dans notre pays, étant donné la densité médicale et l’accessibilité aux soins, il est peu probable que le patient demandeur ne puisse être secouru dans le sens qu’il a exprimé.

Ce n’est pas nécessairement le cas partout. Il existe des pays où l’accès aux soins n’est pas aisé, que ce soit pour des raisons d’éloignement ou des raisons de faible densité médicale. De tels pays existent en Europe. En Irlande, par exemple, les distances à parcourir pour trouver un poste médical peuvent être grandes. De plus, la culture philosophique dominante n’est pas nécessairement favorable à certains actes. 

Autrement dit, de nombreux médecins sont susceptibles d’opposer à la demande d’IVG ou d’euthanasie leur propre objection de conscience même dans des pays où cela est légalement autorisé. Cela a fait réfléchir l’AMM (Association Médicale Mondiale) dans le cadre du nouveau code international d’éthique médical (ICoME). Dans la présentation faite lors de la réunion récente du CEOM (Conseil Européen des Ordres des Médecins), l’AMM se penche sur la question de savoir s’il ne faudrait pas mettre une limite à l’objection de conscience. L’idée serait de donner la priorité à la demande du patient sur les convictions philosophiques ou religieuses du médecin, dans les cas où la difficulté de trouver un confrère qui accepte de répondre à cette demande mettrait en danger la vie ou le bien-être du patient. La réflexion est en cours sur la question.

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