Jo Vandeurzen: «Des quotas maximaux pour les spécialités populaires?»

À l’heure où les experts préparent un avis sur la modernisation des stages et formations des futurs médecins, le ministre flamand de la Santé, Jo Vandeurzen, a voulu lancer lui-même quelques propositions. Pourquoi ne pas, par exemple, prévoir des sous-quotas maximaux dans le contingentement plutôt que de se concentrer sur des minima? Ou créer une fonction d’ambassadeur des soins dans les spécialités en pénurie?

Si les experts au grand complet se sont ralliés à l’avis du Pr Frank Luyten (KU Leuven), qui estime que la presse générale doit s’attacher à améliorer l’image de marque de certaines spécialités en pénurie, lesdits médias grand public étaient malheureusement aux abonnés absents lors d’une récente réunion de l’Académie royale de médecine au Palais des académies à Bruxelles. Les spécialistes eux-mêmes devraient donc commencer par affiner leurs campagnes de communication et leur façon d’aborder la presse… voire suivre une formation aux médias, a suggéré le ministre Vandeurzen, qui a suivi la discussion de près.

«L’une des mesures envisagées, le rééquilibrage de la nomenclature, figure déjà de longue date à l’ordre du jour… mais comment procéder?», a poursuivi le ministre. «Des incitants spontanés pour pousser les candidats vers certains choix ne suffisent pas. Il faudrait par contre qu’un certain état d’esprit se mette en place afin que cette révision soit soutenue par tous.»

Ambassadeur des soins

«Par ailleurs, pourquoi ne pas créer une fonction d’ambassadeur des soins pour les professions médicales en pénurie, par analogie avec ce qui se fait déjà pour les soins infirmiers? Il faudrait également que les organisations professionnelles disposent de porte-paroles efficaces qui puissent améliorer l’image de marque de leur secteur, de personnes qui aient l’art de bien faire passer leur message même dans le feu de l’actualité voire dans des circonstances chaotiques. Les étudiants devraient également être (davantage) exposés aux spécialités en pénurie au cours de leur formation, idéalement sous une forme plus développée que des contacts improvisés.»

En réponse aux critiques sur le manque de soutien apporté aux services de stage par le gouvernement, le ministre a rappelé que, «sans nier l’importance du rôle des pouvoirs publics, une organisation apprenante qui doit être un lieu de stage relève aussi d’une norme de qualité fondamentale. Pourquoi cet aspect ‘lieu de travail et d’apprentissage’ ne pourrait-il pas, lors de l’agrément d’un service, être intégré à la vision du service et de l’établissement tout entier?»

Jo Vandeurzen a toutefois gardé pour la fin sa déclaration la plus fracassante: «Peut-être devrions-nous abandonner l’approche un peu naïve des sous-quotas minimaux pour les spécialités en pénurie au profit de quotas maximaux pour une série d’autres [actuellement très populaires, ndlr]. Cela pourrait être un outil efficace.» C’est-à-dire, en d’autres termes, cesser d’espérer que x futurs médecins au moins se dirigent vers les filières désertées, et mettre dans les autres un plafond qui empêche qu’ils soient trop nombreux à s’y engager.

«La double cohorte ne résoudra pas tout», estiment les étudiants flamands

Cynthia D’Hondt, chef de la délégation de la VUB au sein de l’association des étudiants en médecine VGSO, ne s’est pas bornée à suivre passivement les débats. Tout en confirmant qu’il y a encore du travail à faire pour améliorer la perception de certaines spécialités dans la presse grand public, elle a également tenu à souligner que la ‘double cohorte’ qui arrive actuellement sur le marché ne peut pas servir à combler toutes les lacunes. «Nous ne résoudrons pas tous les problèmes pour vous!»

«N’oubliez pas les biologistes cliniques!», réclame Marc Moens

Marc Moens (ABSyM et GBS) déplore que la biologie clinique semble avoir été un peu perdue de vue dans la liste des métiers en pénurie. «Des quotas minimaux sont du reste bien beaux en théorie, mais pas forcément réalisables dans la pratique», a rappelé le leader syndical. «Pensez-vous qu’un étudiant qui a fait sept ans d’études (ou six dans le futur) en rêvant de devenir pédiatre se laissera convaincre si facilement de s’orienter vers la gériatrie?»

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