Paul de Munck, président du GBO, est sorti de la dernière médico-mut, lundi soir, avec l’impression d’avoir assisté à un dialogue de sourds, par moment teinté d’une arrogance telle «que cela ne fera en rien avancer une saine réflexion». Mais de quoi parlait-on? Et qui étaient les sourds?
Les mutuelles avaient décidé de convier en médico-mut les grandes fédérations hospitalières du pays. En guise de farine au moulin, il y avait sur la table deux études, menées par les Prs Pirson & Leclercq, et Trybou & Annemans. Leur objet: une approche d’une révision de la nomenclature, ce qui impacterait les honoraires, et d’une harmonisation des rémunérations entre spécialités.
«Les discussions, qui ont pris la majeure partie de la séance, étaient d’une agressivité rare», regrette le généraliste. «Je peux entendre tant le camp hospitalier, qui souffre d’un sous-financement et qui affirme que les suppléments lui sont indispensables pour tenir la tête hors de l’eau, que le camp des mutualités qui milite contre ces écarts de prix et pour la transparence des coûts imputés au patient. Mais on tourne en rond, sans approcher le nœud du problème. Il faut mettre à plat la façon dont on finance les coûts hospitaliers, réfléchir à comment le faire autrement. Car la facture est impayable à long terme. Tant que l’abcès n’est pas percé, on n’avancera pas.»
Le président du GBO ne met pas en doute la fragilité financière des hôpitaux. D’après la récente étude MAHA, de Belfius, un hôpital général sur trois est dans le rouge. «Mais ce n’est pas dans l’ADN du Cartel de souscrire à des solutions comme en avance l’ABSyM, en l’occurrence une modulation tarifaire en fonction des moyens du patient.» Donc, autrement dit, le principe de faire payer les riches via des suppléments pour combler le trou financier. Paul de Munck a bien perçu que les représentants des fédérations hospitalières étaient de purs gestionnaires. «Ils ont une logique économique et un langage comptable, et c’est normal. Dans le débat, cela suffit-il? Il faudrait pouvoir parler accessibilité des soins et éthique.»
Pourquoi un syndicaliste dont le terrain de prédilection est la médecine générale s’émeut-il d’une impasse dans le débat hospitalier? «Parce que tout est lié. Si l’on veut éviter des frais inutiles à l’hôpital, c’est en amont qu’il faut intervenir. Et en amont, on a la première ligne de soins, pas uniquement les généralistes d’ailleurs. On dit et redit depuis des années qu’avec une première ligne forte, on évite des surcoûts hospitaliers.»
Quoi qu’il en soit, d’après Paul De Munck, l’ambiance électrique de la séance de lundi soir «ne fera pas avancer une saine réflexion. Il faudrait s’attaquer à la question: ‘comment faire mieux avec ce qu’on a ?’ Pour nous, toutes les chambres pourraient être à un lit. Mais on peut parier que la distinction un lit/deux lits sera maintenue, pour pouvoir continuer à demander des suppléments dans les chambres à un lit. Un rendez-vous chez un spécialiste continuera à prendre trois mois à l’hôpital, mais seulement 15 jours en privé… Est-ce cela qu’on veut? Pas au GBO en tout cas.»
Derniers commentaires
Bruno JACOB
20 octobre 2017En tant que spécialiste frisant la soixantaine j'ai toujours défendu la création d'une première ligne extrahospitalière "élargie" qui regroupe des médecins généralistes et spécialistes. Le clivage actuelle n'est pas sain. Il n'y pas de première ou de deuxième ou troisième ligne mais un partage en des lieux différents de capacités physiques (techniques, matériel...)et intellectuelles différentes.
je ne citerai qu'un exemple du surcoût et des délais dans les hôpitaux. Imaginez que vous deviez gérer 400 médecins qui consultent chez vous: vous ne pouvez créer en tant que gestionnaire 400 bureaux, donc vous faites partager les locaux ce qui réduit la disponibilité de ceux-ci. Mais même si vous ne mettez à disposition que 150 bureaux équipés bien entendu et avec une aide (nursing, secrétariat, informatique...) le tout supervisé par différentes personnes vous entrevoyez que plus une entreprise grandi au plus des frais supplémentaires s'ajoutent à ceux qu'un médecin indépendant peut avoir: le regroupement n'est pas nécessairement une bonne chose pour tout. Une réflexion plus large devrait s'ouvrir sur la façon et les endroits où tel ou tel type de soins doit être délivré en évitant ainsi ce que beaucoup de nos confrères généralistes soulignent: l'hospitalocentrisme .
Dr B Jacob, neurologue Epicura
Pierre Fondu
20 octobre 2017En cette matière , je fais confiance à l'ABSYM . Je conteste le paragraphe concernant les différences de délai pour des rendez-vous en privé ou à l'hôpital ;ceci mériterait une analyse plus fine , spécialité par spécialité .