L’Ordre des médecins vient de faire le point sur les agressions signalés par les médecins au point de contact central “Agressions contre les médecins”. Le Spécialiste et Medi-Sphère, ont pu avoir connaissance des principaux résultats. Les agressions ont touchées 152 médecins généralistes (80% des cas), 25 médecins spécialistes, 7 médecins généralistes en formation... Il s’agit dans 52% des cas d’agressions verbales et dans 19% des cas d’agressions physiques.
En février dernier, à Lessines, le docteur Eddy Lumen, conseiller communal, a été la cible d’un faux patient dans son cabinet situé au centre-ville alors qu’il terminait ses consultations. Cette semaine, un infirmier a été agressé aux urgences de l'hôpital à Warquignies par un patient. Les agressions du personnel médical se poursuivent.
Depuis 2016, un travail de prévention est mené en la matière par le Conseil national de l'Ordre des médecins. Sous le contrôle de Koen Matton, chargé de mission auprès de l'Ordre, responsable du projet "Médecins en difficulté", un point de contact central "Agressions contre les médecins", accessible sur le site www.ordomedic.be, a été inauguré en mai 2016. Après 18 mois, 113 signalements de médecin avaient été encodés. En mai 2018, 137 signalements étaient constatés en deux ans. Presqu’un an plus tard, on atteint aujourd’hui 191 signalements : « Les médecins lorsqu’ils sont victimes de tels actes remplissent le formulaire pour expliquer ce qu’il s’est passé et s’ils souhaitent de l’aide de notre part après de tels agissements » explique Koen Matton.
Agression physique dans un cas sur 5
Les agressions sont, dans 74% des cas, signalées par des médecins flamands et dans 26% des cas par des médecins francophones. Il s’agit dans 52% des cas d’agressions verbales, 28% des cas d’agressions psychologiques, dans 19% des cas d’agressions physiques et dans 1% des cas d’agression sexuelle. Elles ont touchées 152 médecins généralistes (80% des cas), 25 médecins spécialistes, 7 médecins généralistes en formation, 5 médecins contrôleurs, un médecin stagiaire et un médecin scolaire.
Plus de risque lorsque le médecin est seul en consultation
Dans 37% des cas, cette agression a touché un médecin qui était en activité en solo et dans 17% des cas le médecin était à l’hôpital ou en maison médicale. Dans 50% des cas, l’agression a eu lieu dans le local de consultation, dans 18% des cas au domicile du patient, dans 16% par email ou téléphone et dans 5% à l’hôpital.
Trois cas d’agression de médecin sur médecin
Ce qui est très intéressant, c’est que dans 52%, il s’agit d’un patient connu du médecin. Par contre dans 26% des cas, le patient n’est pas connu du médecin. A noter que dans 19%, il s’agit d’une autre personne qu’un patient. Enfin, trois cas d’agressions sont le fait d’un médecin sur un autre médecin et dans un cas, un infirmier sur un médecin.
Antécédents psychiatriques
Dans 69% des cas, le profil de l’agresseur n’est pas mentionné. Dans 19%, il souffre d’antécédents psychiatriques et dans 5%, il s’agit d’un récidiviste ou d’un criminel.
Mécontent du service du médecin
La raison de l’agression est interpellante aussi. Dans 27% des cas, il s’agit d’une agression à la suite d’un refus d'une prescription ou d’une attestation de soins. Dans 22% des cas, l’agresseur est mécontent du service du médecin. Dans 6%, l’agression est liée à la drogue ou l’alcool ou d’un besoin d’argent.
Conséquences physiques sur le médecin
Ces agressions ont inévitablement des conséquences sur le médecin: dans 61% des cas, il s’agit de menaces à l’intégrité personnelle et dans 27%, le médecin souffre d’angoisses et de stress. Les agressions causent aussi des dommages matériels dans 12% des cas sans oublier les conséquences physiques sur le médecin dans 9% des cas.
Pour rappel, en dehors des statistiques tenues par l’ordre des médecins, les dernières statistiques en 2017 de la police fédérale évoquaient un chiffre en augmentation de 18 plaintes par mois pour des agressions physiques contre des professionnels de la santé. Le SPF Intérieur a publié une brochure à l’intention des médecins "Une pratique médicale sûre" disponible sur www.besafe.be. Elle comprend 25 pages de conseils pratiques, de l’attitude à observer face à un patient agité jusqu’aux plans d’aménagement de cabinets médicaux sécurisés, avec des issues de secours en cas d’agression.
Ces chiffres sont assez inquiétants.. Mais seulement 26% venant de Wallonie ca me parait peu.. les médecins wallons rapporteraient moins les incidents? @absymtweets @drbejj @Freedoc_be @NatSchirvel https://t.co/noFM1LP8tF
— Rémi Florquin (@remi_florquin) 30 mars 2019
Et probablement totalement sous évalués! En hôpital les agressions (verbales en tous cas ) sont devenues quasi journalières , surtout dans certains services (urgences , psychiatrie sous contrainte )
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 30 mars 2019
Peut on parler d’agression lorsqu’elle n’est que verbale ou psychologique ?
— David SIMON (@Freedoc_be) 30 mars 2019
Ne devrait-on pas parler dans ce cas d’agressivité ?
Pour moi une agression verbale reste une agression, de un c’est délit et de deux ca peut faire beaucoup de mal.
— Rémi Florquin (@remi_florquin) 30 mars 2019
"Le premier outil de régulation de la violence, c'est la parole. Elle est d'intérêt intime et général. La verbalisation est performative et constitutive à la fois de la santé individuelle et démocratique" @CynthiaFleury pic.twitter.com/4I9g4BHpGD
— Bernard GEORGES (@BdGEORGES) 29 mars 2019
Comme entre soignants et soignés: la communication claire et la place à la parole permettent une relation sereine et de confiance. La violence survient quand cette parole est muselée, quand le patient ne se sent pas entendu, quand on ne lui explique pas ce qu'on lui fait.
— Nathalie Schirvel (@NatSchirvel) 30 mars 2019
Définir légalement une agression verbale pour en faire un délit me semble un défi
— David SIMON (@Freedoc_be) 30 mars 2019