Le gouvernement Michel a pris en 2015 une série de mesures concernant la retraite. Le premier fonds de pension pour les prestataires de soins, Amonis, s’adapte à ce nouveau contexte et a, entre autres, créé une nouvelle formule d’Engagement individuel de pension (EIP).
«Les citoyens peuvent à présent, hormis certaines catégories d’âge qui bénéficient de conditions transitoires, disposer de leurs capitaux de pension complémentaire au plus tôt à partir du moment où ils satisfont aux conditions requises pour prendre leur pension légale anticipée et au plus tard lorsqu’ils prennent effectivement leur pension légale. Ces dispositions auront des implications sur la gestion opérationnelle des pensions complémentaires dont la libération sera soumise à des conditions strictes d’âge et de carrière professionnelle, mais également sur le flux d’informations entre les organismes de pension et leurs affiliés», explique Amonis.
L’ancienne «caisse de prévoyance des médecins » doit aussi tenir compte de la volonté du législateur d’élargir l’accès au 2e pilier des pensions à tous les travailleurs. «Les indépendants en personne physique bénéficieraient des mêmes possibilités de déduction fiscale que les indépendants en société, selon des modalités qui restent à définir, et les travailleurs salariés pourraient y cotiser sur base volontaire. Le 2e pilier des pensions peut certainement offrir des solutions intéressantes et innovantes aux pensionnés de cette «nouvelle génération», et Amonis se prépare activement à jouer un rôle décisif dans ce nouveau concept.»
EIP
Depuis fin 2015, le fonds de pensions propose une nouvelle formule d’engagement individuel de pension (EIP) : Amonis Optimal Benefit. «Il s’agit d’un modèle dynamique basé sur le principe de Life Cycle Investment selon lequel le modèle d’investissement s’adapte automatiquement à l’horizon de placement de l’affilié, précise Tom Mergaerts, CEO d’Amonis. Les montants versés, ainsi que l’épargne du dirigeant, sont répartis sur deux fonds, l’un offrant les meilleures perspectives de rendement et l’autre privilégiant l’élément de stabilité. Ces fonds sont eux-mêmes investis dans deux compartiments de la sicav Amonis. Au fur et à mesure que le dirigeant s’approche de l’âge de la pension, la répartition sur les deux fonds est automatiquement rééquilibrée. L’objectif étant de maximiser le potentiel de rendement lorsque l’horizon de placement le permet et de privilégier la stabilité à l’approche de la pension.»
1.254 nouveaux membres
Depuis plusieurs années, Amonis cherche à diversifier ses membres. «Notre objectif est d’être moins corporatiste que par le passé, commente Jean-Marie Limpens, premier vice-président. Depuis quelques années, nous avons des administrateurs indépendants. Dans les années qui viennent, notre conseil d’administration s’ouvrira aux autres professions que celles de la santé. Il faut bien se rendre compte que les jeunes gens vont de plus en plus commencer leur carrière sous un statut d’indépendant. Or, nous sommes très forts dans ce secteur.» Riche de 26.830 affiliés professionnellement actifs et de ses 1.127 pensionnés bénéficiant d’une rente, le fonds de pension a recruté en 2015 de nombreux kinésithérapeutes. L’attribution d’un statut social Inami aux kinés n’est pas étrangère à cette affiliation massive (31% des nouveaux membres en 2015, pour 46% de médecins). Les infirmières indépendantes et les logopèdes pourraient à l’avenir également grossir les effectifs. 69% des membres sont encore des médecins, 11% des dentistes, 1% des pharmaciens… En 2015, 1.254 nouveaux membres, dont 446 jeunes promus, ont rejoint les rangs. Jean-Marie Limpens, remarque qu’il est plus difficile d’affilier les jeunes médecins qui sont fort courtisés par les banques et courtiers d’assurance. «A une époque, il y avait dans la relation entre le maître de stage et l’assistant une sorte de compagnonnage, qui s’étendait jusqu’à la gestion de la pension», rappelle le premier vice-président d’Amonis.
Solidarité intergénérationnelle
En 2015, le rendement financier net s’est élevé à +3,69% chez Amonis. Entre 1995 et 2015, la moyenne annuelle est de 7,3%.
La participation bénéficiaire accordée porte le rendement global des membres à 3,25% pour la PLC sociale et à 3,20% pour la PLC ordinaire. «Nous avons sécurisé les taux élevés (de 4,75% et de 3,75%) que nous avions pu proposer par le passé à nos membres plus âgés et les pensions que nous devrons payer dans les 10 prochaines années, explique le Dr Limpens. Une autre partie de notre portefeuille, qui est un portefeuille de croissance, concerne les membres qui se sont affiliés plus récemment et ne seront pas pensionnés dans 10 ans. Pour ces membres, la durée prévisionnelle est encore assez grande. Chaque année, le CA fixe en novembre le taux garanti pour l’année suivante. Aujourd’hui, il est à 2.30%. Ce qui est bien par rapport au marché. Grâce aux participations bénéficiaires, nous essayons que tous nos membres puissent bénéficier d’un taux moyen de 3,25%. Ce mécanisme de solidarité entre les générations est original et propre à Amonis. Cette équité n’est possible que parce que nous ne sommes pas une société commerciale. Nous distribuons aux membres ce que les autres sociétés offrent en dividendes aux actionnaires. Les jeunes ne comprennent pas toujours bien ce mécanisme. Ils ont l’impression qu’ils cotisent pour les anciens membres… Cette solidarité entre les générations est une traduction de nos valeurs mutualistes.»
En comparaison avec d’autres fonds de pension belges, le portefeuille d’Amonis comprend proportionnellement plus d’obligations (67% VS 49%). Par ailleurs, la sicav Amonis exclut les investissements dans les entreprises impliquées dans la production de tabac, des mines antipersonnel, de bombes à fragmentation et d’armes à l’uranium appauvri.
3 priorités
«Pour 2016, Amonis s’est fixé trois objectifs prioritaires, commente son premier vice-président: recruter de nouveaux groupes professionnels, entre autres chez les avocats, les professions du chiffre, les administrateurs de société, les notaires ; s’adapter à la législation qui évolue fortement (entre autres la possibilité pour le médecin de travailler après l’âge de la pension sans être limité par un plafond de revenu ; la tentation des autorités de lier l‘ampleur du statut social Inami à une série de paramètres d’activité du médecin : NDLR ) et développer une application permettant aux membres de consulter leurs données, d’effectuer des simulations en ligne… »