Ce lundi après-midi, au Comité d’assurance de l'Inami, une réunion d’information a eu lieu pour aboutir à une meilleure concertation sur les modalités pratiques de la vaccination COVID-19. Les différentes parties autour de la table se sont penchées sur le projet d’Arrêté Royal visant l’instauration d’honoraires pour l’administration de vaccins Covid par les médecins, infirmiers et pharmaciens.
Actuellement, les médecins sont très fâchés. Voici quelques jours, le Dr Johan Blanckaert, Président de l'ABSyM avait même parlé « d’un coup monté » pour qualifier les derniers rebondissements du dossier. Pour rappel, l’INAMI a publié sur son site le 29 juillet dernier une information concernant les honoraires de vaccination contre le Covid-19 que peuvent facturer les pharmaciens, infirmiers et médecins. Cette information précisait également que ces honoraires étaient en vigueur depuis le 18 juillet 2022. C’est justement le jour où le comité de l’assurance avait débuté sa consultation écrite concernant le projet d’AR du Ministre Vandenbroucke qui constitue la base de ces honoraires. L’ABSyM a d’ailleurs demandé à l’Inami ce lundi de supprimer cette information de leur site.
Le GBO avait aussi exprimé sa colère face à cette manière de procéder en se demandant si la concertation signifiait que tout soit décidé et imposé de manière unilatérale.
Une pétition
De son côté le Dr David Simon de l'Absym, a lancé une pétition à ce sujet : « Je refuse de vacciner contre le coronavirus si le vaccin n'est pas livré à mon cabinet. Actuellement, les médecins sont tenus de s'approvisionner auprès des pharmacies quand cela convient aux pharmaciens. Il est inconcevable que j'interrompe mes consultations pour assurer la logistique de mon approvisionnement en vaccins."
Le point à l’issue de la réunion
A l’issue de la réunion, aucun élément concret n’a été acté. Pour le Dr Luc Herry de l’ABSYM. « Il n’y aura pas d’évolution dans ce dossier d’ici le 5 septembre quand se tiendra la prochaine réunion du Comité d’assurance (où les autorités viendront avec le résultat des votes). » Les autorités vont par ailleurs devoir compléter l’arrêté royal parce qu’il y a deux oublis majeurs : « Ils ont oublié que les sages femmes pouvaient vacciner et ils ont aussi oublié que certains médecins possédaient des flacons dans leur cabinet et qu’ils prélevaient les doses. A ce stade, le texte ne prévoyait que les pharmaciens pour les préparations sans penser à ces médecins-là...un comble !»
Le Dr Luc Herry rappelle « qu’une seule tarification est inacceptable » Il a en plus relevé une aberration : « Si le médecin fait un test covid à un patient qui se révèle négatif ...et que le médecin peut vacciner, il ne peut pas tarifier ce test rapide. C’est un imbroglio complet. La solution que j’ai proposé est que l’on fasse un « pseudocode vaccination » où le patient est remboursé complètement : que cela soit pour une consultation chez le médecin ou à domicile. L’Inami pourrait alors enregistrer ce « pseudocode » qui serait créé. La vaccination serait gratuite et intégrée dans la consultation. On va voir si le cabinet Vandenbroucke intègre ces évolutions. »
Du côté du GBO, le Dr Marcel Bauval, a rappelé ne pas être « content ni sur le fond, la forme ou le timing. Cette consultation écrite pendant les vacances est une façon indigne de traiter les médecins. Nous n’avons toujours pas le résultat des votes et ce n’est pas normal. On a évoqué la possibilité d’inclure dans la consultation un « pseudocode » pour avoir une vision globale de la situation mais il n’y a pas de financement prévu pour un tel « pseudocode » à ce stade. Nous tenons aussi à rappeller que nous ne sommes plus en pandémie. Il faut penser à un autre type de prise en charge. Il faut penser à un suivi plus global et longitudinal par le médecin traitant. Il faut un finir avec la vaccination de masse. »
La question du ticket modérateur et impact budgétaire
Enfin, pour le Cartel/GBO, « la perception du ticket modérateur est totalement inapplicable dans la pratique quotidienne des médecins. Il est important d’inscrire la vaccination COVID-19 dans un schéma de vaccination saisonnière lors d’une consultation / visite de routine par le médecin traitant. »
Dans une note préalable du Comité de l'assurance, le modèle proposé exclut le cumul d’honoraires spécifiques pour la vaccination avec l’honoraire d’une autre prestation, sauf si la vaccination contre la covid-19 a lieu pendant une consultation au cabinet du médecin ou une visite, planifiée pour d’autres raisons.
Le montant des honoraires spécifiques est calculé sur base de la durée moyenne de la préparation et/ou de la vaccination en elle-même, proportionnellement à l’honoraire pour une consultation “classique” :
- L’honoraire pour la préparation et, le cas échéant, la délivrance dans une officine ouverte au public de vaccins Covid ou la livraison de vaccins contre la COVID aux infirmiers ou aux personnes autorisées à exercer l’art médical s’élève à 3,22 euros.
- L’honoraire pour l’administration d’un vaccin Covid à un bénéficiaire, que ce soit par un pharmacien, par un infirmier ou par un médecin, s'élève à 15,5 euros.
En ce qui concerne l’impact budgétaire, sur base d’une proportion de 20 % des vaccinations via les dispensateurs de soins de première ligne, càd 20% x 7,1 millions de 2è boosters = 1,42 mio de vaccins à préparer et à administrer, celui-ci s’élève à 26,6 millions d’euros.
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