Où en est-on dans le grand chantier des soins intégrés pour malades chroniques? Les 16 projets adoubés, dont six wallons et deux bruxellois, entreront le 1er juillet dans une phase de conceptualisation, sous la férule d’un coach spécialisé. 19 autres peuvent revoir leur copie en vue d’une «seconde sess’» en septembre.
Les autorités (en l’occurrence la cellule inter-administrative Chroniccare) avaient reçu fin mai 70 manifestations d’intérêt. Elles en ont retenu 16. Sept expériences auront pour cadre la Flandre, six la Wallonie, deux Bruxelles et une la Communauté germanophone. Ensemble, les projets couvrent +/- 2,9 millions d’habitants, et visent des groupes cibles de quelques milliers de malades chroniques chacun, s’intéressant à diverses affections fréquentes (insuffisance cardiaque, respiratoire, rénale, maladie neurologique, diabète, dépression…).
A côté de ces lauréats, 19 projets ont été conviés à approfondir leur démarche, trois à Bruxelles, onze en Flandre, cinq en Wallonie, dans la perspective d’une nouvelle sélection à la rentrée d’automne. Certains projets qui ne figurent pas parmi les élus sont en outre en voie de fusion avec l’un ou l’autre de ceux-ci. En revanche, 35 autres dossiers ont été écartés car jugés «trop peu ambitieux» (limités, par exemple, à une phase de vie, une seule pathologie, un seul domaine de soins, une seule initiative innovante, un groupe cible trop restreint…).
Les 16 projets pilotes sélectionnés entrent, pour sept mois (jusqu’au 31 janvier 2017), dans une phase de conceptualisation, se traduisant par l’élaboration d’un plan d’actions locorégional dans l’esprit du grand chantier «soins intégrés»: mieux rencontrer les besoins du patient individuel, maintenir la population en meilleure santé, utiliser mieux les moyens financiers disponibles, réduire les inégalités d’accès à l’aide et aux soins, améliorer les conditions de travail des intervenants...
Les autorités ont prévu de faire bénéficier leurs porteurs d’un coach qui offre un accompagnement méthodologique et d’un coordinateur, minimum mi-temps. Sept coaches, au total, seront aux taquets. Le financement de la coordination consiste en un forfait de 40.000 euros, via contrat avec un hôpital partenaire du projet. Le plan se doit d’être bien ficelé, basé sur une analyse des risques présents au sein de la population et des ressources disponibles dans la zone d’activité du projet, avec un plan financier, un timing, une structure de gouvernance, un système de monitoring interne, etc. Doivent aussi être examinées les possibilités de dégager à plus ou moins court terme des moyens (humains, financiers…) qui pourront être réinvestis («quick-wins»).
Fin janvier 2017 aura lieu une nouvelle sélection, désignant les projets qui seront exécutés pendant quatre ans.
A suivre…
Medi-Sphere vous avait déjà présenté l’un des projets bruxellois retenu (lire Medi-Sphere n°517). Nous ne manquerons pas de vous parler ces prochains mois d’autres concepts envisagés côté francophone. A Dinant-Beauraing et dans le Grand Namur, par exemple, il est question d’intensifier les collaborations interdisciplinaires entre 1ère et 2ème lignes pour s’intéresser particulièrement aux personnes affichant un «cumul de fragilités» (d’ordre physique, psychique/mental et social) et qui, dès lors, ne rentrent pas directement dans des schémas prédéfinis de prise en charge. En province de Luxembourg, il s’agira d’encadrer les patients chez lesquels a été détecté un syndrome métabolique, sans limite d’âge. La région du Centre (La Louvière, Morlanwelz, Binche) compte se concentrer sur les patients atteints d’une affection neurologique au stade chronique et invalidant, en optimisant le care mais en misant aussi sur le cure et une approche non médicale de la santé donnant la parole à ses «usagers».