Maggie De Block vient de lancer un appel à candidatures pour des projets pilotes d’hospitalisation à domicile (HAD). L’opération s’inscrit ostensiblement dans la sphère hospitalière, et l’idée est de chercher des collaborations transmurales avec la première ligne. Peut-on imaginer des projets où des piliers de celle-ci que sont les MG seraient totalement évincés? Difficile, répond le cabinet.
Dans le groupe de prestataires de soins ou de services habilité à introduire un projet pilote d’HAD, doit obligatoirement figurer un hôpital. L’appel ministériel a été adressé au secteur hospitalier, et à lui seul, au grand dam d’organisations de MG telles que le GBO. Le syndicat rappelle les égarements constatés au lancement de psy 107 (les hôpitaux prenaient comme interlocuteurs quelques MG de leur connaissance, non représentatifs de la profession, pas forcément en phase avec la vision du ou des cercles locaux).
Le GBO considère donc que la moindre des choses aurait été de tenir les associations de généralistes informées de l’opération, si l’on voulait s’assurer qu’elles puissent mobiliser la profession et co-construire des projets, dès le temps ‘zéro’, avec les hôpitaux. Cette demande d’être consultés et impliqués avant une ‘explosion sauvage d’expériences’ avait déjà été formulée l’été dernier à Maggie De Block par les cercles, via le très informel Conseil national des cercles, né sur les cendres de feu-le Conseil fédéral à l’initiative du Fag et de Domus Medica.
A lire aujourd’hui l’appel à projets publié sur le site de la ministre, il y a une kyrielle de partenaires potentiels que peuvent se choisir les hôpitaux (dont e.a.: assureurs privés, fournisseurs d’équipement ou de matériel, services d’aide aux familles...), au point qu’il est permis de se demander si des acteurs traditionnels des soins en première ligne que sont les MG ou les infirmières indépendantes pourraient être totalement absents d’un montage. Est-ce que cela pourrait être le cas si – en cherchant dans les exemples extrêmes – l’hôpital envoie ses médecins et personnel infirmier spécialisés au chevet du patient et conclut pour compléter cet encadrement un partenariat avec des équipes du domicile d’un CPAS ou avec des firmes de télévigilance? «Cela nous semble difficile, voire impossible», répond le cabinet De Block, quand on lui pose la question.
Il faut rappeler que, sollicitée par Medi-Sphere l’automne dernier quand se dessinait la perspective de tester des formules d’HAD, Maggie De Block avait réfuté vouloir écarter les MG de la dynamique. Au contraire, elle leur demandait expressément dans nos colonnes «d’envoyer autant de bonnes propositions de thématiques que possible, et par la suite, de projets pilotes concrets» (Medi-Sphere n° 487).
Maximum 40.000 € pour la coordination
Les autorités ont-elles déjà une idée du nombre de projets pilotes HAD qu’elles retiendront, en fonction, éventuellement, d’un montant moyen et/ou d’un budget spécifique prédéfini? L’équipe de Maggie De Block souligne que «les projets sont budgétairement neutres. En d’autres termes, les autorités prévoient un budget identique pour les patients pris en charge en HAD et pour les patients qui présenteraient un profil comparable, mais qui seraient restés ou admis en hospitalisation classique ou de jour. En cas d’hospitalisation à domicile, le budget n’est donc pas octroyé à un hôpital mais est réparti entre les différents partenaires participant au projet.» Une précision: «pour faciliter les projets pilotes, un budget de coordination sera octroyé par projet (de maximum de 40.000 € par projet, en fonction du nombre de patients)».