Une tragique agression à l’encontre d’un généraliste, dans son cabinet de Forest, est intervenue hier matin. L’information, divulguée par La Capitale, a été confirmée par la police bruxelloise. Le confrère, qui a reçu plusieurs coups de poignard, serait dans un état critique. Ce nouveau drame intervient un peu plus de six mois après l’assassinat du MG flamand Patrick Roelandt lors d’une visite à domicile.
Les faits se sont déroulés peu après 8h au cabinet de la victime, situé avenue Wielemans-Ceuppens, à Forest. Le Soir indique que la victime est le Dr François Depoorter. D’après la version relayée par de très nombreux médias, le MG de 60 ans aurait été poignardé juste après avoir laissé pénétrer chez lui un individu ayant sonné à sa porte. L’auteur de l’agression, mis en fuite, a été appréhendé par une patrouille de police. On ne connait pas encore ses motivations ; il devrait être entendu sous peu par un juge d’instruction.
Le rappel de l’Ordre
Le Conseil national de l'Ordre des médecins s’est dit consterné d'apprendre que, de nouveau, un MG ait été victime d'une attaque violente. « [Nos] premières pensées vont à la victime, qui se bat actuellement pour sa vie, et à sa famille. »
L’Ordre déclare « partager les inquiétudes grandissantes des médecins et des autres professionnels des soins de santé face au nombre alarmant d'actes de violence commis par des patients. Il est inacceptable que ceux qui dispensent des soins de santé à la population ne puissent le faire sans craindre pour leur sécurité ».
Il rappelle le point contact qu’il a créé il y a quelque temps (lire par ailleurs sur ce site « Sécurité des médecins: l’Ordre centralise les notifications d’agression »), pour cartographier et caractériser la violence à l’égard du corps médical. Il convie les consœurs et confrères victimes de faits de violence à les lui signaler via un formulaire standard disponible sur son site - dont on peut toutefois regretter qu’il ne soit pas directement visible ni interactif (c’est actuellement un pdf à télécharger, imprimer, compléter, renvoyer etc.).
L’Ordre ajoute encore qu’un « plan stratégique adéquat est en cours d'élaboration avec les autorités compétentes, qui doit permettre de soutenir efficacement les médecins dans l'exercice de leur mission ».
Un groupe de travail inter-SPF
De fait, le SPF Intérieur a constitué un groupe de travail depuis février, incluant également le SPF Santé publique, sous la direction du Dr Catherine Sucs, de la DG sécurité et prévention. Il est trop tôt pour livrer des informations sur l’avancement des travaux, nous confiait-elle il y a peu, mais ce groupe « examine les problèmes et solutions pour améliorer la sécurité des médecins généralistes exerçant en dehors des structures hospitalières. Il est question de suivre ce phénomène en vue d'évaluer l'impact des mesures qui sont mises en œuvre; d'actualiser les outils de prévention mis à disposition des professionnels de la santé et de prévoir une information ou une sensibilisation sur les gestes et pratiques qui permettent d'éviter les risques; finalement, d'évaluer les projets locaux déjà mis en place pour améliorer la sécurité et, le cas échéant, de les adapter. »
En juin, la problématique de la sécurité des soignants a été mentionnée explicitement comme un point d’attention dans la « Note-cadre de sécurité intégrale » des autorités et dans le Plan national de sécurité 2016-2019, document qui liste dix phénomènes auxquels les polices fédérale et locale vont prêter une attention prioritaire. On y retrouvait en pole position la lutte contre la radicalisation et le terrorisme (lire Medi-Sphere n° 521).
Par ailleurs, on sait également que la brochure produite il y a quelques années déjà par l’Intérieur, intitulée « Sécurisation pour médecins », et qui énumère une série de conseils pour s’auto-protéger du mieux possible, est en cours de réactualisation ; elle sera rééditée sur le site www.besafe.be. Par ailleurs, le Dr Sucs nous confirme qu’il est toujours possible pour un médecin (ou pour tout particulier et/ou indépendant) d’avoir la visite gratuite d’un conseiller en technoprévention qui évalue les mesures préventives prises. Les coordonnées de contact sont : www.conseillerenpreventionvol.be