C’est l’amorce d’un tournant majeur dans la politique vaccinale en France. La ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé, le vendredi 16 juin, réfléchir «à rendre obligatoires les onze vaccins» destinés aux enfants, «pour une durée limitée, qui pourrait être de cinq à dix ans».
En France, seuls trois vaccins sont aujourd’hui obligatoires pour les enfants de moins de 18 mois: diphtérie, tétanos et poliomyélite (DTP). C’est déjà deux de plus que dans notre pays. Huit autres, dont la coqueluche, l’hépatite B ou la rougeole, sont seulement recommandés chez nos voisins.
Les onze vaccins qui pourraient être rendus obligatoires concernent la poliomyélite, le tétanos, la diphtérie, la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, l’Haemophilus influenzae, le pneumocoque et le méningocoque C.
Alors que la France connaît un taux de couverture vaccinale parmi les plus faibles d’Europe et qu’une vive défiance vis-à-vis des vaccins a émergé depuis quelques années, Mme Buzyn estime que ce «double système» de vaccins obligatoires et de vaccins recommandés «pose un vrai problème de santé publique». «Il y a des fois où l’obligation est une bonne chose pour permettre à la société d’évoluer», ajoute-t-elle, rappelant que la rougeole a causé la mort de dix enfants depuis 2008, et que le taux de couverture de vaccination contre cette maladie est de 75% alors qu’il devrait être de 95%.
Autre son de cloche: augmenter le nombre de vaccins obligatoires «constituerait un recul sans précédent de nos libertés ainsi qu’un parfait mépris pour les victimes de la vaccination» avait fait valoir jeudi 15 juin Augustin de Livois, le président de l’Institut pour la protection de la santé naturelle.