Les résultats d’une importante étude menée au Danemark et présentés au 4th World Congress on Acute Heart Failure invitent les médecins à réfléchir et à prendre en compte le statut professionnel comme facteur de santé physique, mentale et de bien-être dans l'évaluation du pronostic des patients atteints d’une insuffisance cardiaque.
Remettre les insuffisants cardiaques au travail? Il peut s’agir de prime abord d’une proposition paradoxale, mais elle s’appuie pourtant sur une étude très sérieuse menée chez 21. 455 patients âgés de 18 à 60 ans, et donc en âge de travailler, qui souffraient d'insuffisance cardiaque et qui avaient déjà été hospitalisés une première fois pour cette pathologie. Parmi ceux-ci, 11.880 (55%) étaient actifs au début de l’étude. Les auteurs ont associé les données individuelles des participants à celles de registres nationaux sur l'hospitalisation, les médicaments prescrits, le niveau d'éducation, les versements d'aide sociale et les décès.
Au cours d'un suivi moyen de 1005 jours, 16% des personnes actives et 31% des chômeurs sont décédés, tandis que 40% des personnes actives et 42% des chômeurs ont été hospitalisés au moins une nouvelle fois pour insuffisance cardiaque.
Après ajustement pour l'âge, le sexe, le niveau d'éducation et les comorbidités, les patients insuffisants cardiaques et sans emploi au départ de l'étude présentent un risque accru de 50% de décéder, et de 12% d'être ré-hospitalisés par rapport aux patients ayant un emploi. De plus, chez les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque, le fait d'être au chômage est notamment lié à une plus grande probabilité de décès que le diabète ou un antécédent d'accident vasculaire cérébral.
Faut-il en informer les patients? L’étude ne le dit bien sûr pas. Alors contentons nous du poncif «le travail c’est la santé».