Les patientes qui sont soignées dans une clinique du sein «coordinatrice» ont, en moyenne, une meilleure espérance de vie que les autres. C’est ce que révèle une nouvelle étude réalisée par le KCE en collaboration avec la Fondation registre du cancer et des experts cliniques.
Depuis janvier 2014, les cliniques du sein « coordinatrices » sont tenues d’atteindre un volume d’activité minimal de 125 nouveaux diagnostics par an, et les cliniques du sein « satellites », doivent elles avoir une convention de collaboration avec une clinique coordinatrice et un volume d’activité minimal de 60 nouveaux diagnostics par an. Malgré la création de ces centres spécialisés, rien n’empêche une patiente de se faire soigner pour son cancer du sein en-dehors des cliniques agréées.
L’étude du KCE, qui porte sur 50.000 femmes, révèle d’ailleurs qu’en 2018, un cinquième des femmes atteintes d’un cancer du sein ont été traitées sur un site hospitalier sans agrément pour le cancer du sein. «L’immense majorité (87 %) de ces sites non agréés pour le cancer du sein n’atteignaient pas le seuil moyen de 60 nouveaux diagnostics par an et les patientes qui y sont soignées n’ont aucune garantie de bénéficier de l’encadrement et des services (para)médicaux qui relèvent d’une obligation légale dans les cliniques du sein agréées», pointe le Centre fédéral d’expertise des soins de santé.
En outre, les chercheurs constatent que, en 2018, 20 des 52 cliniques du sein coordinatrices n’atteignaient pas le seuil d’activité requis de 125 nouveaux diagnostics par an - pire, trois cliniques coordinatrices restaient même en -deçà de 60 nouveaux diagnostics par an, tout comme 3 des 13 cliniques satellites.
Le KCE confirme l’importance d’une prise en charge effectuée dans une clinique du sein agréée ayant un volume d’activité suffisant. «Les résultats montrent en effet que le risque de mourir d’un cancer du sein est supérieur de 30% chez les femmes traitées sur les sites hospitaliers sans agrément pour le cancer du sein en comparaison avec celles qui le sont dans les cliniques du sein coordinatrices», annonce le centre d’expertise.
Effet bénéfique du volume
Les chercheurs estiment que l’effet du volume est évident : «Le risque de décès associé au cancer du sein invasif est supérieur de 44% chez les patientes traitées sur les sites à faible volume d’activité (moins de 60 nouveaux diagnostics par an) et de 30% chez les patientes traitées sur les sites à moyen volume d’activité (de 60 à 124 nouveaux diagnostics par an) en comparaison avec celles qui sont prises en charge sur les sites à volume élevé (125 nouveaux diagnostics par an ou plus).»
Le KCE s’est également penché sur la qualité du diagnostic et du traitement du cancer du sein sur la base d’une série d’indicateurs développés par la société européenne de mastologie, par exemple, la communication du stade du cancer. «Les sites hospitaliers non agréés pour la prise en charge du cancer du sein et/ou à faible volume affichaient de moins bons résultats que les cliniques du sein coordinatrices et/ou que les sites hospitaliers avec un volume d’activité élevé », avance le KCE qui reconnait que plusieurs indicateurs de qualité n’ont toutefois pas pu être calculés parce que les données nécessaires pour ce faire ne sont (toujours) pas collectées d’une manière structurée et standardisée.
Réorganiser l’offre
Le centre fédéral émet plusieurs recommandations pour une meilleure prise en charge du cancer du sein et pour trouver un équilibre entre la qualité des soins et la proximité de la prise en charge. «Nous demandons de lier le remboursement des consultations oncologique pluridisciplinaires et la chirurgie à leur réalisation dans les cliniques du sein coordinatrices. Pour l’instant, ce n’est qu’une recommandation. Les autorités doivent se prononcer à ce sujet», explique Isabelle Savoye, chercheuse au KCE et co-auteure du rapport.
«Il n’est plus acceptable que les chances de survie varient en fonction du site auquel la personne s’adresse», résume le KCE. Le centre réclame «une réorganisation plus poussée de l’offre tout en veillant à préserver un bon équilibre entre la qualité des soins, leur disponibilité et leur accessibilité géographique.» Il estime qu’il est primordial que les patientes et patients, les médecins généralistes et les autres dispensateurs de soins puissent clairement identifier quels sites hospitaliers sont agréés comme cliniques du sein. Cette information devrait être régulièrement tenue à jour.
Feed-back aux hôpitaux
Tous les hôpitaux vont recevoir une feed-back de leurs résultats. «Grâce à ces informations, les institutions peuvent entreprendre des actions pour améliorer la qualité », explique Sabine Stordeur. «Elles l’ont déjà fait au cours des projets précédents. Nous avons pu observer des réorganisations internes. Certains hôpitaux ont pris la décision d’arrêter eux-mêmes certaines activités lorsque leur volume d’actes est trop faible pour garantir la qualité des soins. Il y a un cercle vertueux qui s’instaure avec les hôpitaux participants qui n’attendent pas spécialement qu’un couperet des autorités tombe pour s’engager dans l’augmentation de la qualité.» «On remarque que lorsqu’on met en place un programme d’agrément avec des normes précises, tant fédérales que régionales, certains hôpitaux décident de reviser leur offre de soins et de concentrer certains actes dans des centres qui répondent aux critères », poursuit Isabelle Savoye.
Absence d’une clinique coordinatrice en Province du Luxembourg
«Le ministre Vandenbroucke a manifesté de l’intérêt pour les recommandations proposées dans notre étude. Il nous a posé quelques questions méthodologiques et sur la formulation des conclusions pour savoir quels rôles respectifs peuvent jouer le Fédéral et les entités fédérées », commente Sabine Stordeur, directeur du programme scientifique du KCE. «Au niveau régional, nous avons reçu une réaction de la Wallonie puisque l’Aviq a été interpellée par l’absence de reconnaissance de statut de clinique du sein coordinatrice ou satellite en Province du Luxembourg et a interrogé le Registre du cancer sur les différents volumes réalisés dans les hôpitaux de cette région de manière à pouvoir palier cette situation et identifier des sites qui pourraient répondre aux critères requis pour devenir une clinique coordinatrice.» Selon le KCE, une clinique coordinatrice devrait être agréée prochainement dans le réseau Vivalia.
> Lire la synthèse du rapport
> Découvrir la liste des cliniques du sein agréés
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> Rapport du KCE - Réaction consternée des mutualités, qui réclament davantage de mesures
> Cancer du sein: les députés francophones inquiets par la répartition géographique
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Charles KARIGER
16 mars 2023"L'AViQ a pour ambition de proposer à chaque wallon des réponses adaptées à ses besoins en matière d'aide, d'accompagnement, de bien-être et de santé, pour lui permettre de mener une vie de qualité, tout en simplifiant ses démarches et en veillant à l'amélioration de la qualité de ses services."
Mais ces gens qui parlent le letzebuerger sont-ils et sont-elles des Wallons dignes d'intérêt ? Au fait y a-t-il des habitants dans cette province, dans ces sombres forêts?