En Auvergne, un MG a créé une application indiquant aux patients quels confrères généralistes peuvent, aux alentours, les recevoir ou se rendre à leur chevet pour des soins urgents, en journée de semaine. Le projet, qui vise aussi à désengorger les urgences, a été baptisé Médiveille. Gratuit pour les patients, il fonctionne sur abonnement pour les médecins.
L’idée a germé dans l’esprit du Dr Cyrille Charbonnier, un généraliste du Puy-en-Velay. Possédant également une expérience de régulateur au Samu, il dit avoir vu la fréquentation des urgences augmenter régulièrement ces dernières années.
Son application tend à offrir une alternative à l’hôpital aux patients en quête de soins non planifiés en semaine de 8 à 20h et en matinée le samedi (*), et dont le problème ne relève pas de l’urgence vitale. Si elle a pris corps grâce à l’appui de start-ups et d’incubateurs régionaux, elle couvre en fait toute la France. Elle fait s’afficher à l’écran une carte avec les noms et les coordonnées de généralistes qui, dans un rayon proche (les usagers se laissent géolocaliser au préalable ou fournissent leur code postal), sont disponibles pour une consultation ou une visite. Il reste au patient à consulter les différents créneaux horaires possibles, à contacter le praticien repéré et à convenir du rendez-vous.
Du côté des médecins, Médiveille est un service payant, à 20€ l’abonnement mensuel avec engagement d’un an. La carte permet de visualiser l’ensemble des généralistes libéraux dans le périmètre concerné, mais seules les disponibilités des MG abonnés apparaissent. Ce sont des disponibilités déclarées, et le médecin abonné s’engage à rester disponible de 2 à 4 heures après s’être renseigné comme tel. Il peut aussi programmer ses plages de disponibilité à l’avance.
Absolument pas de tri
Les concepteurs nous confirment que l’application a été pensée pour assurer «des consultations non programmées, des urgences non vitales». Elle n’est en théorie pas conçue pour faire du renouvellement de prescription ou des consultations de contrôle d’une pathologie chronique équilibrée. «Elle permet la mise en relation avec les praticiens, mais ce sont ces derniers qui décident des consultations qu’ils acceptent. En aucun cas Médiveille ne réalise un ‘tri’ des contacts réalisés», précise Stéphane Mosnier, responsable commercial et des opérations au sein de la jeune société.
L’application peut être également utile pour les Samu, estiment ses créateurs, qui «n’ont pas de visibilité des médecins généralistes disponibles en temps réel. Médiveille leur permet de contacter ces médecins pour convenir d’une consultation immédiate. Il s’agit donc d’un moyen complémentaire donné aux Samu dans le cas de consultations non vitales».
La jeune application a actuellement démarré avec une dizaine d’abonnés. Quelles sont ses ambitions? «Atteindre 600 médecins fin 2018, et 6.000 fin 2020, soit environ 10% des médecins généralistes en France.»
Dé-fidélisation?
Est-ce que l’application n’encourage pas une sorte de «non-fidélité»? Certains patients, par commodité personnelle, pourraient être tentés d’aller non plus chez un MG attitré, mais chez celui qui est libre le plus vite… A contrario, on peut aussi objecter qu’elle va établir le contact entre la médecine générale et des gens qui ne voyaient pas l’utilité d’avoir un médecin de famille. En France, la notion de «médecin référent» est très présente (mais non obligatoire), expose Stéphane Mosnier. Et il y a des territoires plus atteints que d’autres par la raréfaction des médecins. «Mais même sur des territoires avec une plus forte densité de généralistes, il y a de plus en plus de patients qui n’ont plus de médecin attitré (…) L’objectif n’est pas de remplacer ce système, mais d’apporter une réponse aux patients n’arrivant plus à trouver un médecin référent et donc se voyant contraints d’aller aux urgences pour une consultation ‘simple’. Il en va de même des étudiants dont le médecin référent est loin de leur lieu d’études, des personnes en déplacement professionnel, des vacanciers…»
(*) Les soirs de semaine et les week-ends, les patients visualisent les maisons médicales de garde à proximité; les services d’urgence 24h/24 apparaissent en permanence sur la carte.