Sous l’effet des mesures de restriction imposées l'an dernier contre le COVID, notre pays a enregistré peu de cas de grippe. Ce sera fort probablement très différent cette année. On attend même de nombreux cas de co-infection grippe-COVID. Les experts parlent de « twindémie »
C'était le grand étonnement. Les virus de l’influenza ont relativement peu circulé dans l’hémisphère nord à la fin de l’année 2019, au début de 2020 et au cours de l’hiver 2020-2021. « Les mesures imposées contre le COVID y sont pour beaucoup » explique le Pr Marc Van Ranst, virologue à la KULeuven. Ces mesures ont eu pour conséquence une limitation de la circulation, non seulement du virus de la COVID, mais aussi du virus Influenza. On a même vu disparaitre la souche B-Yamagata, présente au cours des années précédentes. Cette souche n’a toujours pas réapparu actuellement. Cela s’est ressenti également dans notre pays : l’activité de l’influenza est restée relativement faible et s’est manifestée relativement tard pendant l’hiver 2021-2022.
On doit toutefois s'attendre à la fin de ce relatif état de grâce, si on en croit ce qui vient de se passer dans l'hémisphère sud. L'Australie, qui sort de l'hiver, a en effet connu une vague de grippe et une vague de Covid partiellement superposées dans le temps. La saison grippale aux antipodes fut la pire depuis cinq ans. Et le nombre d'infections au Covid est monté en flèche. Par conséquent, les cas de co-infection furent nombreux, au point que les experts parlent de "twindémie". Etant donné que les scenarios du sud se reproduisent souvent, avec décalage, dans nos régions, il est hautement probable que la double vague déferle aussi chez nous dans les mois à venir. « Le risque est d’autant plus élevé que la population susceptible de contracter la grippe va croissant » explique le Pr Van Ranst. Il va de soi que la co-infection accroît fortement la gravité de l’une et l’autre affection. En cas de co-infection, la probabilité de devoir être admis en soins intensifs est multipliée par quatre et le risque de décès à l’hôpital est plus que doublé.
On ne peut pas prédire avec certitude si pareille « twindémie » se produira réellement. Il est impossible également d’en estimer le moment éventuel de survenue. Mais le Pr Marc Van Ranst et le Dr Aurore Girard, Vice-présidente de la SSMG, insistent à l’unisson : il faut vacciner contre les deux affections. Les groupes à risque classiques constituent le cœur de cible pour ces vaccinations. Il n’y a pas à craindre de pénurie de vaccins antigrippaux, ajoutent-ils.