Le Prix Nobel de la Paix 2024 est attribué à l'association japonaise pour les victimes de la bombe atomique "Nihon Hidankyo", a annoncé vendredi le comité Nobel. Créée en 1956, elle a milité pour la reconnaissance d'un statut aux victimes des bombes atomiques de Nagasaki et Hiroshima et poursuit ses actions dénonçant le développement d'armes nucléaires.
Nihon Hidankyo "reçoit le prix de la paix pour ses efforts en faveur d'un monde sans armes nucléaires et pour avoir démontré, par des témoignages, que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisées", a déclaré le président du comité Nobel norvé ;gien, Jørgen Watne Frydnes.
L'action de Nihon Hidankyo a permis l'entrée en vigueur en 1956 d'une loi donnant accès à une prise en charge médicale gratuite pour les victimes des bombes atomiques, appelées "hibakusha"' ("personnes affectées par la bombe").
Les "hibakusha" ont pendant des décennies porté avec force leur appel à bannir l'arme nucléaire. On en dénombrait encore 136.700 environ en 2020. Beaucoup étaient des nouveaux-nés ou encore dans le ventre de leur mère en ces matins des 6 et 9 août 1945.
En octroyant ce prix, le comité Nobel a mis en garde contre un affaiblissement du tabou de l'utilisation de l'arme nucléaire. "Aucune arme nucléaire n'a été utilisée dans une guerre depuis près de 80 ans", a constaté le président du comité Nobel. "Il est donc alarmant de constater qu'aujourd'hui, ce tabou contre l'utilisation des armes nucléaires est soumis à des pressions."
Les discours autour de la guerre en Ukraine ont récemment réveillé les inquiétudes sur une fragilisation de ce tabou, en particulier avec la menace du président russe Vladimir Poutine de revoir sa doctrine sur l'utilisation de l'arme suprême.
"Le prix cette année est un prix qui met l'accent sur la nécessité de maintenir le tabou nucléaire. Et nous avons tous une responsabilité (pour le faire), en particulier les puissances nucléaires", a ajouté le président du comité Nobel.
"Jamais je n'aurais imaginé que cela puisse arriver", a déclaré les larmes aux yeux, Toshiyuki Mimaki, surpris de voir son mouvement récompensé pour avoir cherché à démontrer, via les témoignages de survivants, que les armes nucléaires ne devaient plus jamais être utilisées.
"Je souhaite l'abolition des armes nucléaires", "on a dit que, grâce aux armements nucléaires, la paix serait maintenue à travers le monde. Mais les armes nucléaires peuvent être utilisées par des terroristes", a-t-il fait valoir lors d'une conférence de presse. "Et par exemple, si la Russie les utilise contre l'Ukraine, et Israël contre Gaza, cela ne s'arrêtera pas là. Les dirigeants politiques doivent en avoir conscience."
Et de dresser des parallèles sur les conséquences néfastes des conflits, aujourd'hui comme hier: la situation à Gaza est "comme le Japon il y a 80 ans", dévasté par les bombes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a-t-il estimé, évoquant les "enfants en sang" du territoire palestinien.
L'an dernier, le Nobel de la paix avait été décerné à la militante iranienne Narges Mohammadi, emprisonnée dans son pays, pour son combat contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort.