Zebra Academy compte parmi les rares projets pilotes en e-Santé retenus par la ministre Maggie De Block auxquels participent des hôpitaux francophones. Issu de l’initiative de neurologues de la VUB et de l’UZ Brussel pour améliorer la prise en charge pré-hospitalière de l’AVC, le dispositif télé-médical de la jeune spin-off Zebra academy devrait intégrer 4 ambulances dans les prochaines semaines et desservir l’UZ Brussel, l'UZ Antwerpen d'abord et ensuite l’hôpital Erasme et les Cliniques universitaires Saint Luc. Entretien avec Bastien Ritzen, le CEO de Zebra Academy.
Comment est né Zebra Academy?
Bastien Ritzen: Zebra Academy est le résultat d’un projet de recherche et développement conjoint de l’UZ Brussel et de la VUB qui a démarré il y a un peu plus de 4 ans à l’initiative du département de neurologie. Les neurologues réfléchissaient à la manière dont il serait possible de rassembler les indications et données critiques sur l’état d’un malade potentiellement victime d’un AVC durant le trajet ambulancier, et de partager ces données avec le staff de l’hôpital afin de gagner un maximum de temps pour le patient. Comme chacun le sait, dans la prise en charge de l’accident vasculaire cérébral ,le facteur temps est essentiel puisque chaque minute perdue peut signer la disparition de quelques 2 millions de neurones avec les conséquences délétères que l’on imagine sur la santé des patients à court et à long terme . Après avoir regardé ce qui était disponible sur le marché et constaté l’absence de solutions adéquates, une recherche et développement a été lancée, financée par Innoviris (NDLR: l’institut bruxellois de promotion et de soutien à l’innovation technologique).
Concrètement comment fonctionne ce nouveau dispositif télémédical?
B.R: Il y a deux parties au dispositif: le hardware installé dans l’ambulance et la plateforme web. Le hardware intégré dans l’ambulance se compose d’une caméra audio-vidéo, d’un lecteur de carte d’identité, et offre la possibilité de se connecter en bluetooth avec les dispositifs médicaux disponibles dans l’ambulance. Souvent on me demande pourquoi avoir installé un dispositif spécifique là où l’on aurait fournir une tablette au staff ambulancier. La raison est que le hardware est conçu de manière à minimiser les interactions avec le staff ambulancier qui est présent pour s’occuper du patient et non de la technologie (par exemple: le staff ambulancier doit uniquement appuyer sur un bouton et le hardware se lance automatiquement ; la caméra et l’écran sont placés de manière à rendre la discussion possible directement entre le patient et le médecin qui est à distance). Techniquement, ce choix impose un placement précis de l’angle de la caméra disposée sous l’écran, qui permette au médecin d’avoir une bonne vue sur le patient.
De son côté, le médecin hospitalier se connecte à une plateforme web qui d’une part, le met en contact audio-visuel avec le patient dans l’ambulance et, d’autre part, lui offre un support d’aide à la décision. Ce support est composé de différentes tables qui permettent, entre autres, d’enregistrer les données de base relative au patient (nom, prénom, heure de l’incident), et sur base de 16 questions validées scientifiquement, d’évaluer la possibilité qu’il s’agisse d’un AVC et sa sévérité. Grâce à ces données, le médecin peut établir un premier diagnostic et préconiser une prise en charge à l’hôpital. Un rapport est automatiquement créé et partagé avec le staff hospitalier qui peut sans tarder organiser la suite des soins: enregistrer le patient, prévenir le neurologue de garde et le radiologue qui doit procéder au scanner…
Si la plateforme a démarré avec les AVC, le support d’aide à la décision pourrait être adapté à d’autres situations critiques tels que les traumas ou les infarctus par exemple. Le dispositif pourrait également s’inscrire dans la logique de spécialisation des hôpitaux mis en réseaux, en fonctionnant comme centre de tri des patients qui seraient orientés vers la structure de soins la plus adéquate selon la pathologie et sa sévérité.
Quels sont les contours du projet pilote?
B.R: Le projet pilote se fait avec l’UZ Brussel, l’Hôpital Erasme, les Cliniques universitaires Saint Luc et l’UZ Antwerpen. Il est en phase de démarrage et d’ici quelques semaines les ambulances équipées du dispositif devraient entrer en fonction.
Qu’en est-il du remboursement des prestations?
B.R: Le projet pilote que nous avons rentré s’accompagne d’un schéma de remboursement qui couvre l’ensemble des coûts (télémédecine, médecin, ambulanciers, etc) et qui doit être testé. Il faut pouvoir montrer la valeur ajoutée du projet en termes de résultats cliniques et de réduction des coûts (hospitalisation et revalidation moins longues et moins lourdes, suivi facilité, etc).
Vous participez également comme répondant technique à un autre projet pilote, beroertecoach.be . De quoi s’agit-il?
B.R: Beroertecoach assure le suivi, par téléconsultation, des patients qui ont eu un AVC. Ce suivi s’effectue via notre plateforme web et ses outils audiovisuels, et intègre à nouveau le support d’aide à la décision d’une part, pour structurer la discussion avec le patient et, d’autre part, générer automatiquement un rapport qui sera introduit dans le dossier médical informatisé du patient. C’est une autre application de notre solution qui pourrait, elle aussi, nous ouvrir de nouveaux horizons…