"Panorama de la santé": l'Europe doit impérativement soigner ses soignants

Il y a une "grave crise" en Europe en ce qui concerne le manque de bras dans le secteur de la santé. C'est un des constats du rapport intitulé "Panorama de la santé: Europe", publié lundi par l'OCDE et la Commission européenne. Il se concentre pour son édition 2024 sur deux thèmes clés: remédier aux pénuries de personnel de santé et promouvoir la longévité en bonne santé.

L'OCDE estime que, sur l'ensemble de l'UE, il manquait environ 1,2 million de médecins, infirmiers et sage-femmes en 2022. Le vieillissement de la population combiné à celui des travailleurs de la santé rend de plus en plus difficile de répondre à la demande. &qu ot;Plus d'un tiers des médecins et un quart des infirmiers dans l'UE sont âgés de plus de 55 ans et devraient prendre leur retraite dans les années à venir", met en garde le rapport. La Belgique se situe, pour l'âge des médecins, au-delà de la moyenne européenne (qui est de 35%), puisqu'elle a 42% de médecins âgés de 55 ans ou plus (en 2022). 

Après la pandémie, les pays européens ont repris de plus belle le recrutement de professionnels de santé à l'étranger, une solution qui risque cependant de créer des déséquilibres ailleurs. Il semble d'ailleurs y avoir eu un boom dans les toutes dernières années (2022 et 2023), dans les pays pour lesquels des données sont disponibles, par rapport à l'avant-Covid. 

"En 2023, (...) plus de 50 % des infirmiers en Irlande ont été formés à l'étranger." C'est le cas de 4,4% des infirmières et 13,5% des médecins en Belgique, des chiffres légèrement plus élevés que les moyennes européennes. 

Parmi les autres données comparées dans le rapport 2024, le nombre de médecins par rapport à la population. L'UE en compte 4,2 pour 1.000 habitants (en 2022), mais la Belgique n'est qu'à 3,6. En revanche, la moyenne d'infirmiers est plus élevée qu'ailleurs, ce qui peut démontrer un système de santé qui s'appuie davantage sur cette profession pour toute une série de services. 

Si l'on examine les chiffres en détail, il est intéressant de distinguer les médecins généralistes et les spécialistes. "La part de généralistes a baissé dans de nombreux pays, reflétant une attractivité en baisse de la médecine générale", note le rapport. C'est un danger, car le manque de généralistes peut créer des "déserts médicaux" quand il se concentre dans les zones rurales et reculées. La moyenne de l'UE est d'environ un médecin sur cinq qui est généraliste (données de 2022). La Belgique fait cependant partie des pays qui ont "été capables de maintenir un mailleur équi libre" (au-delà de 30%), avec 34%. 

Que faire pour remédier aux pénuries? "Il est nécessaire d'adopter une approche multidimensionnelle", préconisent les auteurs. En premier lieu, "l'amélioration des conditions de travail et de la rémunération" sera indispensable, indiquent-ils. Il s'agit de garder les professionnels actifs, et d'attirer les jeunes. "L'augmentation des possibilités d'éducation et de formation pour les nouveaux médecins et infirmiers est également essentielle pour stimuler l'offre, même si son impact ne se fera sentir qu'à moyen et à long terme."

"Il sera essentiel aussi d'optimiser l'utilisation des ressources et compétences grâce, par exemple, à un recours accru aux infirmiers en pratique avancée, ainsi que d'exploiter les technologies numériques et l'IA pour accroître la productivité des professionnels de santé et leur permettre de se concentrer davantage sur les soins prodigués aux patients". 

Le rapport global publié lundi sera suivi, en 2025, de "profils de santé par pays", mettant en avant les caractéristiques et défis spécifiques des systèmes de santé de chaque pays de l'UE.

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