Fin de semaine dernière, Jean-Claude Marcourt, ministre de l’Enseignement supérieur, a fait adopter par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles un avant-projet de décret qui organise un concours en fin de 1ère année dans les études de médecine. Il fait observer qu’on ne lui a toujours pas démontré la nécessité d’un contingentement. Il dit attendre le cadastre dynamique promis par Maggie De Block.
Le ministre socialiste a redit son opposition à toute sélection à l’accès à l’enseignement supérieur, socialement discriminante d’après lui. Mais, «pour ne pas prendre en otage l’avenir des étudiants engagés dans le cursus», il dit s’être plié à la condition imposée par la ministre fédérale de la Santé, à savoir d’instaurer un filtre. L’avant-projet de décret sera soumis dans les prochains jours aux étudiants, à l’Ares (Académie de recherche et d'enseignement supérieur) et au Conseil d’Etat.
L’option retenue est celle d’un concours en fin de 1ère année et qui visera uniquement – sur recommandation des étudiants, rapporte l’équipe Marcourt – les matières médicales (par opposition aux contenus strictement scientifiques) enseignées lors du second quadrimestre. Les évaluations seront scindées en deux parties, l’une portant sur la réussite de la matière, l’autre constituant le concours.
Jean-Claude Marcourt estime avoir tenu ses engagements, même, dit-il, si on ne lui a «jamais apporté la preuve de la nécessité de la planification médicale. Au contraire, on distingue de plus en plus clairement les pénuries locales, que l’on masque avec des importations de médecins étrangers». Le socialiste renvoie la balle dans le camp de Maggie De Block, dont il attend qu’elle délivre les attestations Inami à tous les étudiants actuellement en cours de formation et sorte ce fameux cadastre dynamique, que la Fédération Wallonie-Bruxelles réclame et qui est supposé permettre une planification mieux calibrée, e.a. en définissant le nombre d’étudiants autorisés à poursuivre leur formation au terme de la 1ère année de bachelier.
Paramètres à (re)considérer
Le cabinet Marcourt précise que la Fédération a demandé à ce que ce recensement tienne compte de paramètres susceptibles d’influencer la définition de quotas, tels le taux de déperdition observé entre la 2ème bac et le 4ème master, la pratique médicale réalisée hors Inami, la part d’étudiants diplômés pour la plupart non-résidents qui quitteront la Belgique ou encore les prévisions de départ à la retraite dans la profession, la pyramide des âges étant selon lui défavorable à la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Jean-Claude Marcourt fait par ailleurs observer qu’une augmentation du sous-quota de médecine générale avec maintien du quota fédéral engendrerait une «diminution mécanique» du nombre de spécialistes. «De facto, ceci impacterait la qualité de l’encadrement médical en domaine hospitalier.»
Enfin, il juge que c’est «l’ensemble du système de numerus clausus qui mériterait une réflexion plus approfondie: il y aurait certainement de quoi s’interroger sur le caractère discriminant d’une sélection basée sur le quota d’attestations Inami délivrées à nos étudiants en fin de 2ème cycle, alors que les diplômés étrangers ne sont pas touchés par ce quota et obtiennent sans limitation un numéro Inami».
Critiques prévisibles
L’option retenue par le ministre de l’Enseignement supérieur a très rapidement suscité diverses critiques publiques, de la N-Va, d’écolo, du MR…, ainsi que des jeunes cdH d’après La Libre Belgique. Pour rappel, cette solution n’avait pas non plus les faveurs de la médecine générale: il y a quelque temps, la SSMG, le Fag et les syndicats GBO et Absym avaient plaidé pour un examen d’entrée, rappelant que l’épreuve à un an avait déjà montré ses limites par le passé, créant le phénomène des «reçus-collés» et faisant naître une concurrence exacerbée dans les auditoires. Selon les organisations de MG, cette méthode de filtrage va «à l’encontre des valeurs de solidarité et de collaboration qu’il est bon d’inculquer aux futurs médecins, essentielles dans un métier qui, de plus en plus, exigera de l’interdisciplinarité» (détails dans Medi-Sphere 472).