Déléguer des tâches? Oui mais à qui et comment? (Syndicats)

Le New Deal propose dans son quatrième pilier une délégation des tâches. C’est une nécessité qui fait l’unanimité. Mais lorsqu’il s’agit de définir la manière, on voit poindre quelques petites divergences entre les sydicats médicaux. Rien de fondamental et les discussions se poursuivent. Les Drs De Munck (GBO) et Brunel (ABSyM) s'expliquent.

Assistants ou assistantes de pratique ? Infirmières ou infirmiers de pratique ? Le New Deal envisage la possibilité pour le médecin généraliste de déléguer certaines tâches. Mais quelles tâches et à qui les confier ? Dans ce débat sur le choix entre infirmiers ou infirmières de pratique et assistants ou assistantes de pratique, le Dr Paul De Munck (GBO/Cartel) voit un risque de mélange des genres, ce qui à terme n’est pas bon.

Tous les médecins se plaignent de la lourdeur des tâches administratives. Paul De Munck est d’accord sur le constat de départ, à savoir qu’il est nécessaire de décharger les médecins de ces tâches, au moins en partie. Mais il fait remarquer qu’il ne faut pas mettre une personne formée à des actes techniques de soins médicaux ou infirmiers élémentaires, là où il y a seulement besoin d’une aide administrative. Et il existe des secrétaires médicaux et médicales bien formés. Et le Dr De Munck fait remarquer que les aides Impulseo II peuvent déjà contribuer à financer l’engagement d’un ou une secrétaire médicale et l’Impulseo III, un télésecrétariat. « Il suffirait de rendre ces dispositifs encore plus avantageux », ajoute-t-il.

 « Il serait préférable de mieux partager les tâches », dit-il encore. « Là où une secrétaire médicale suffit, qu’apporterait de plus une infirmière ? Il faut donc savoir de quoi nous avons besoin et si nécessaire, créer les formations qui manquent ». Le nouveau métier d’assistant de pratique existe déjà dans certains pays. Voyons comment cela marche et tirons-en les enseignements. Si du côté néerlandophone on est très demandeur d’une nouvelle formation d’assistant ou assistante de pratique et de les reconnaître comme prestataire de soins au sens de la loi on est plus circonspect du côté francophone. Néanmoins le Conseil supérieur des Médecins Spécialistes et des Médecins Généralistes a récemment marqué son accord de principe pour recourir à des assistants ou assistantes de pratique, formés à prester un certain nombre d’actes habituellement réalisés par des infirmiers, infirmières ou médecins. Mais il reste l’inconnue de savoir si des jeunes choisiront de s’engager dans cette filière d’études. Et lorsqu’il y aura des professionnels de ce type, comment les financer au sein d’une pratique new deal ou en dehors ? Créer des assistants ou assistantes de pratique et/ou des infirmiers ou infirmières de pratique ne peut amener qu’une solution partiellement palliative à la pénurie de médecins généralistes et d’infirmiers et non une solution pérenne. Et quelles seront les tâches qui pourront leur être confiées ? Il y a encore beaucoup de points à discuter au sein de l’INAMI.

L’ABSyM est également favorable à l’idée de déléguer certaines tâches, explique le Dr Elodie Brunel, généraliste et membre du Conseil d’Administration. Cela a été discuté dans le cadre des propositions du New Deal. Mais l’ABSyM aurait préféré qu’on laisse aux médecins le choix entre assistants de pratique et infirmière de pratique. En réalité, il s’agira probablement d’infirmières de pratique. Après leur diplôme, elles suivront une année de formation complémentaire.

Le projet de mise en place d’assistants de pratique prévoyait également une année complémentaire, après avoir obtenu le diplôme de secrétaire médicale. Cette année les rendrait aptes à faire de la prévention auprès des patients et à gérer les dossiers. Mais en fin de compte cela ne sera sans doute pas le cas « même si les discussions sont toujours en cours et si l’option ’assistants’ n’est pas définitivement abandonnée » dit le Dr Brunel. « Mais toutes ces discussions prennent beaucoup de temps, alors que les premiers cabinets du type ‘New Deal’ devraient démarrer en janvier 2024. Autrement dit, il ne sera de toute façon pas possible d’avoir des assistants pour cette date. « Ce seront donc des infirmières de pratique, en tout cas au début », conclut-elle.

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