Le KCE préconise de centraliser l'approche des cancers de la tête et du cou dans des centres de référence, c'est-à-dire des hôpitaux dotés d'une équipe multidisciplinaire disposant d'une expertise suffisante en la matière.
Après avoir publié des recommandations cliniques pour la prise en charge des cancers de la tête et du cou (Rapports 227 et 256), le KCE a élaboré un set de 13 indicateurs de qualité, assortis des objectifs chiffrés à atteindre. Les soins prodigués dans les différents hôpitaux ont été évalués à la lumière de ces indicateurs, avec l'aide d'experts de terrain possédant une grande expérience du diagnostic et du traitement de ces cancers
Surtout chez les hommes de plus de 60 ans
Les cancers de la tête et du cou concernent surtout les hommes de plus de 60 ans. Ces cancers sont assez fréquents dans notre pays, en comparaison avec la plupart des autres pays européens : la Belgique occupe en effet la deuxième place pour les hommes (après la France), et la quatrième pour les femmes (après le Danemark, la France et les Pays-Bas). Le tabac et l'alcool augmentent considérablement le risque, tout comme certains virus tels que le virus d'Epstein-Barr ou le papillomavirus humain (HPV), ou encore l'exposition régulière à des rayonnements radioactifs. L' étude publiée aujourd'hui se concentre sur les carcinomes épidermoïdes, qui sont d e loin les formes les plus courantes de tumeurs de la tête et du cou (91%).
Des taux de mortalité plus élevés dans notre pays
Un an après un diagnostic de cancer de la tête ou du cou, 78% des patients traités en Belgique sont encore en vie, un résultat comparable à celui des pays voisins. Mais après 5 ans, cette proportion chute à 55%, ce qui est juste en dessous de la moyenne pour l'Europe occidentale. La mortalité dans les 30 jours suivant la chirurgie (2,2%) et la radiothérapie (4%) est légèrement plus élevée que dans les autres pays européens.
Des soins dispersés entre 99 hôpitaux
Le KCE a pu observer que les patients atteints d'un cancer de la tête et du cou sont pris en charge de façon très dispersée : entre 2009 et 2014, plus de 9 000 tumeurs (uniques) de la tête ou du cou ont été diagnostiquées et traitées dans 99 hôpitaux différents. La moitié de ces hôpitaux n'ont vu que quatre voire moins de ces cas par année
Répartition des patients entre les hôpitaux (2009-2014)
On constate que les patients traités dans les hôpitaux qui reçoivent plus de 20 cancers de la tête ou du cou par an ont de meilleures chances de survie : 5,1 années versus 4 années dans les hôpitaux qui traitent moins de 20 patients par an. Le KCE préconise donc de centraliser l'approche de ces cancers dans des centres de référence, c'est-à-dire des hôpitaux dotés d'une équipe multidisciplinaire disposant d'une expertise suffisante en la matière. De cette manière, tous les patients atteints d'un cancer de la tête et du cou bénéficieraient des chances maximales de survie. Tout récemment, un tel processus de concentration des soins a été mis en place par nos autorités pour la chirurgie des cancers de l'oesophage et du pancréas, et ce, en accord avec les prestataires de soins eux-mêmes. Il serait souhaitable de suivre la même voie pour la prise en charge multidisciplinaire des tumeurs de la tête et du cou. Une évaluation régulière de la qualité des soins reste absolument nécessaire.
Des possibilités d'amélioration en matière de diagnostic
Sur le plan du diagnostic, il reste encore beaucoup à faire dans notre pays. Avant leur traitement, seuls 48% des patients à un stade avancé avaient passé un scanner PET-CT du corps entier, alors que ce devrait être le cas pour au moins 90% d'entre eux. Par contre, 23% des patients dont le cancer était au stade précoce ont passé cet examen, alors qu'il n'est pas recommandé dans leur cas. La majorité des patients (83%) ont passé une résonance magnétique (IRM) et / ou un CT-scan avant le début de leur traitement, ce qui est inférieur à l'objectif fixé, qui est de 90%.
Un problème récurrent est observé une fois de plus : certains hôpitaux ne font toujours pas l'effort de transmettre correctement des données cruciales au Registre du cancer. Par exemple, dans un cas sur cinq, le stade clinique de la tumeur ne figure pas dans les données transmises, alors qu'elles sont indispensables au suivi global de la qualité des soins.
Les traitements peuvent aussi être améliorés
Sur le plan des traitements, les résultats des hôpitaux sont également inférieurs aux objectifs définis en concertation avec les experts de terrain. Par exemple, seuls 48,5% des patients ont terminé leurs séances de radiothérapie dans les 13 semaines suivant l'opération, alors que cela devrait être le cas pour au moins 90% d'entre eux.
Parmi les patients à un stade précoce de cancer, seuls 78% ont été traités par monothérapie (chirurgie ou radiothérapie seules), un résultat qui reste juste sous la cible fixée à 80-85%. Parmi ceux de moins de 70 ans avec une tumeur localement avancée non métastatique et recevant une radiothérapie, seuls 58% ont reçu simultanément une chimiothérapie à base de platine, alors qu'ils devraient être au moins 75-80%.
Enfin, chez les patients présentant des métastases dans les ganglions lymphatiques, seuls 33% ont bénéficié d'un scanner du cou dans les dix à seize semaines après la fin du premier traitement. Ils devraient être au moins 80%.
Un rapport de feedback pour chaque hôpital
Au moment de la publication de ce rapport du KCE, chaque hôpital reçoit de la part du Registre du cancer un rapport de feedback individuel mentionnant ses résultats et sa situation par rapport à l'ensemble des autres hôpitaux (anonymes). L'accent est mis ici sur l'amélioration globale de la qualité des soins.
"En évitant de pointer du doigt l'un ou l'autre « maillon faible », nous espérons encourager les prestataires de soins et les directions des hôpitaux concernés à évaluer et à améliorer encore les soins qu'ils proposent aux patients atteints de cancers de la tête et du cou."
La ministre De Block, qui a déjà oeuvré pour une concentration à partir de juillet 2019 des opérations de l'oesophage et du pancréas dans des centres de référence, est d'accord d'aller plus loin en suivant la recommandation du KCE pour les cancers de la tête et du cou.
Derniers commentaires
Harry DORCHY
11 janvier 2019La KCE plaide pour des centres de référence dans les cancers de la tête et du cou.
Pour allier performance dans la qualité des soins de pathologies assez rares et économie, il est logique de regrouper une masse critique suffisante de patients avec des médecins et des paramédicaux expérimentés.
Dans le même numéro du « Spécialiste », le confrère S. Markiewicz adresse une lettre ouverte à la ministre De Block : « Pas de centralisation des soins à tout prix ». Ma réponse devrait s’adapter à toutes les pathologies assez rares. Mais plus elles sont rares, plus la distance entre les centres de référence sera longue.
Je me permets de prendre l’exemple des centres de diabétologie pédiatrique qui est une belle réussite. La convention avec l’INAMI définit le nombre minimum de patients et l’encadrement minimum. De facto, le maillage belge est homogène en fonction de la population.
CONVENTION EN MATIÈRE D'AUTOGESTION DU DIABÈTE SUCRÉ CHEZ LES ENFANTS ET LES ADOLESCENTS de l’INAMI :
Art 10 §2. Définition du nombre minimum de patients. L'établissement doit avoir en traitement régulier en permanence au moins 60 enfants et/ou adolescents (de moins de 18 ans) diabétiques. Par traitement régulier on entend que le bénéfi- ciaire suit un programme de soins multidisciplinaire dans l'établissement avec, par année, en dehors d'une période d'hospitalisation du bénéficiaire, au moins 3 contacts personnels à différentes dates, entre lui et l'équipe de diabétologie.
Art 11 §6. Définition du cadre minimimum. Par discipline, le cadre total avancé de 1,2 ETP par 60 patients âgés de moins de 18 ans composer de : normalement 0,30 ETP pédiatre comme visé au § 1er au minimum (dont seule la moitié est financée par le forfait définit à l’article 19 § 1 ; l’autre étant sensée l’être via les consultations des bénéficiaires faisant partie du groupe cible de la convention) ; minimum 0,30 ETP infirmier ;minimum 0,12 ETP diététicien ;minimum 0,04 ETP assistant social/infirmier social ; minimum 0,10 ETP licencié en psychologie ; maximum 0,15 ETP secrétaire.
Nombre d’établissements de rééducation diabète enfants (15 pour toute la Belgique pour près de 3000 enfants et adolescents diabétique de type 1)
Antwerpen : 2
Bruxelles/Brussels : 3 : HUDE ; St Luc ; UZ
Hainaut : 1
Liège : 2
Limburg : 2
Namur: 1
Oost-Vlanderen : 1
Vlaams-Brabant : 1
West-Vlanderen: 2