Dans le rapport sur le New Deal les professeurs Ann Van den Bruel (KU Leuven) et Jean-Luc Belche (ULiège), mettent en lumière une différence de perception du projet New Deal entre les jeunes (moins de 40 ans) et les autres généralistes. Ils n’y voient pas nécessairement les mêmes avantages.
En effet, l’enquête lancée en janvier chez les généralistes, qui s’est clôturée en février 2023 et qui a récolté 1852 réponses utilisables, montre une plus grande « satisfaction » pour ce projet chez les médecins généralistes de moins de 40 ans ( 74,6% contre 69,5% )
Mais qu’est-ce qu’ils trouvent intéressants dans le NewDeal ? La rémunération et l'autonomie sont les facteurs les plus importants contribuant à leur satisfaction. Mais il y a aussi la diminution des obligations administratives, la possibilité d'employer d'autres membres dans l'équipe et la rémunération des tâches supplémentaires.
Quel financement ?
Enfin, lorsqu'on leur demande s'ils souhaitent passer à un autre modèle de financement que celui existant, les répondants de moins de 40 ans sont plus disposés à changer que les répondants plus âgés (21,2 % contre 16,6 %)
Cet aspect n’est pas à négliger dans le cadre d’une réforme qui est appelée à s’inscrire dans la durée des pratiques quotidiennes des médecins et autres acteurs de soins.
La SSMJ très intéressée
Pour la Dr Sarah Cumps, membre de la SSMJ, jeune médecin qui vient de terminer son assistanat, cette enquête ne manque en effet pas d’intérêt : « Avant tout, il est important de préciser que tous les représentants de la SSMG au New Deal avaient moins de 40 ans. Ils ont eu un autre regard que moi, déjà plus prudent avec leurs 10 ans de pratique. Ils ont des questions plus terre-à-terre sur la mise en pratique, le financement, le salaire du médecin..... Nous avons donc une réflexion intéressante à plusieurs niveaux. Évidemment, quand nous sommes au début de la pratique à la SSMJ, nous avons sans doute plus de facilité à envisager de changer de système. Toutefois, pour beaucoup de médecins déjà installés, il y a une vraie crainte d'être obligés de changer vers la 3eme voie de ce "New Deal", alors que certains préféreraient rester purement à l'acte ou au forfait. »
Si le Dr Cumps a trouvé l’exercice très intéressant à faire, des questions restent en suspens comme celle de l'aide à l'installation: " Comment commence-t-on dans une pratique New Deal...Comment pouvons nous être payés au forfait dès le début de l’activité alors que nous n’avons pas encore de patients ? Qu'est-ce qui sera mis en place à ce niveau ?”
Face aux résultats du sondage, elle confirme “qu’il y a une majorité de jeunes médecins qui sont en faveur d’une pratique de groupe avec d’autres profils paramédicaux et autres (comme le secrétariat).” Elle attire l’attention sur un piège potentiel de la réflexion en cours: “Ce qui compte c’est évidemment d’améliorer la qualité des soins et pas le volume des soins ou du nombre de patients que l’on peut soigner. Pour notre génération, qui manifestait parce qu’elle n’était pas certaine d’avoir son numéro Inami, le New Deal ne doit pas être un prétexte pour que les médecins de terrain assument la pénurie. Il faut aussi éviter le saucissonnage. ”
Délégation des tâches
La Dr Cumps aborde aussi la question de la délégation des tâches : « Il ne faut pas trop élaguer non plus les tâches des médecins au quotidien sans quoi nous ne pratiquerons plus que face à des pathologies lourdes et complexes. Non seulement cela deviendra moralement et physiquement plus pénible pour le médecin, mais il risque aussi de perdre le capital confiance dont il bénéficie par rapport à ses patients. Je rappelle que cette confiance se construit entre le médecin et les patients aussi pour des consultations de routine ou annuelle et pas que seulement quand tout va mal.»
Elle souligne enfin un élément important : « La médecine générale reste un métier que l’on fait avec le coeur et cet aspect est difficile à quantifier. »
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