Les «médinosaures», une espèce programmée pour disparaître ... à moins qu’ils ne baissent le rideau, d’eux-mêmes, dégoûtés par l’évolution de leur métier et les diktats des autorités. Tel est l’avis du Dr Jacques Theuwissen, MG en région montoise. Selon lui, ce qui a mis à genoux bon nombre de généralistes, «extrêmement compétents et dévoués, mais commençant à être d’un âge certain», c’est «l’informatisation à outrance» prônée par Maggie De Block.
Parmi les «médinosaures», comme les appelle le Dr Theuwissen, figurent les MG solos – qui sont pour les «instances qui nous dirigent une incongruité héritée d’un passé heureusement révolu». Tout comme, d’ailleurs, dit-il, la notion de «profession médicale libérale & indépendante». Comprenez par là que si un MG ne veut pas danser sur la partition écrite pour lui par les autorités, il n’a «qu’à disparaître ou sortir du système de soins, au détriment de ses patients (plus de remboursement des consultations, visites, actes divers et médicaments!)», indique le Montois.
Selon lui, les changements imposés à la médecine générale par des «‘illuminés’ travaillant dans leur tour d’ivoire (…) n’ont qu’un seul but: diminuer les coûts, quitte à ‘sacrifier’ l’essence même de notre profession qui est pourtant une médecine de qualité et des soins performants» (…) «Les caisses sont vides, donc c’est dans la poche des prestataires qu’on va aller chercher l’argent qui manque cruellement!»
Pour en revenir à l’informatique, le Dr Theuwissen ne nie pas son utilité: «cela nous a fait gagner un temps précieux, et nous a permis – c’est une évidence – d’être plus ‘performant’ dans notre profession et dans le suivi de nos patients». Hélas, depuis quelques années, ce n’est que «‘perversion’ du système et contraintes administratives ‘délirantes & obligatoires’ (TPO pour les BIM, eHealth, MyCareNet, ordonnances électroniques, eAttest, etc.: que vont-ils encore inventer?)» (…) «L’utilisation aberrante et obligatoire d’internet (qui, tôt ou tard deviendra exclusive), plutôt qu’un ‘gain de temps’, nous fait perdre un temps considérable, au détriment des soins consacrés au patient (et sans revalorisation – faut pas rêver – de nos émoluments!)»
Il y a toutefois, d’après le Dr Theuwissen, une façon de se préserver des revenus: la docilité. «Plus le médecin est obéissant, plus il est rétribué.» Il illustre ceci par le mécanisme de la prime informatique qui est modulée selon le respect témoigné par un MG aux «diktats imposés par l’administration» – comme, dit-il, la création de sumehrs.
«Dramatique en cas d’ITT»
Il évoque également le seuil de 25.000 euros à atteindre si l’on veut bénéficier d’une part d’un statut social, et d’autre part de la prime informatique. Mais, fait-il remarquer, les actes qui ne sont «pas directement attribués au MG (travail en hôpital avec contrat indépendant, ONE, travail de MCC, médecine carcérale ou médecine militaire au forfait, etc.)» ne comptent pas dans l’addition. Les médecins concernés en deviennent des médecins de «seconde zone (…) qui ne sont pas rétribués, même s’ils appliquent de manière scrupuleuse les autres diktats!» Sans compter le problème des confrères qui continuent à pratiquer après 65 ans et n’ont plus la possibilité de recevoir de statut social (voir par ailleurs sur ce site les divers articles consacrés à la mutation promise mais pas encore concrétisée du statut social des retraités actifs en une prime).
Si par malheur, la barre des 25.000 euros n’est pas franchie une année, poursuit Jacques Theuwissen, pas de statut social versé par l’Inami, et zéro notification au médecin pour le prévenir que l’argent n’est pas allé à la compagnie d’assurance privée de son choix. «Dramatique en cas d’ITT, puisque l’assurance peut suspendre ou refuser les payements de l’allocation ‘revenus garantis’ sous prétexte que la prime n’a pas été versée (sans même que le médecin en ait été averti!)…»
Derniers commentaires
Jules-Dominique GOFFIN
01 mars 2018Quel âge as-tu, Julien Debeaumont? Celui où l'on fait des fautes d'orthographe....?
Julien DEBEAUMONT
01 mars 2018Tous mes dossiers informatiques sont sur une tablette avec protections en Cloud.
Mes ordonnance peuvent être à laisseée aux patients sur son Smartphone. J’utilise aussi les preuves de prescription mais j’ai hâte de les voir disparaîtres. Plus de souche à donner aux patients depuis la nouvelle fonction d’attestation électronique. Plus de carnet à comptabiliser, plus de vignettes envoyer aux mutuelles . L’informatisation est un vrai bonheur pour qui est motivé
Martine STRAUS
01 mars 2018oui , j'ai bientot 62 ans et 'en ai marre , marre, marre