La Fédération des maisons médicales (FMM) proteste: Maggie De Block, dans l’actuel mouvement de restrictions budgétaires tous azimuts, envisage un moratoire sur l’agrément de nouvelles maisons médicales au forfait, le temps d’un audit du secteur. Pour la FMM, c’est une atteinte frontale à l’accessibilité aux soins de santé de qualité, en particulier pour les groupes sociaux les plus faibles. Et ce sera d’après elle économiquement inefficient.
Ce sont aujourd’hui 350.000 Belges qui sont soignés dans les maisons médicales au forfait, indique la FMM, en soulignant le brassage de métiers de santé qu’on y observe - médecins, kinés, infirmiers, assistants sociaux, psychologues… - et leur coopération dans une optique pluridisciplinaire. «Actuellement, un peu partout dans le pays, de nouvelles initiatives forfaitaires se développent, pour garantir des soins de santé accessibles avec une attention particulière pour les groupes les plus socialement vulnérables.» Dès lors, à ses yeux, si le moratoire sur la reconnaissance de nouveaux centres risque de priver d’accès aux soins une série de nouveaux patients, la mesure impactera «plus spécifiquement les plus vulnérables».
Pour la FMM et son équivalent flamand, la VWGC, «et les mutuelles avec lesquelles elles ont développé le modèle», le projet de Maggie De Block est inacceptable et du reste, inefficient. La ministre semble en espérer économiser 7 millions sur le budget des maisons médicales (annuellement, 138 millions) mais d’après la FMM, la mesure ne fonctionnera pas: elle va automatiquement induire une augmentation des coûts… ailleurs, par exemple dans les soins de première ligne à l’acte et en deuxième ligne. La VWGC considère en outre que cette option est peut-être illégale, étant donné que la possibilité de paiement forfaitaire est prévue dans la loi du 14 juillet 1994.
Médecine pour le Peuple (MPLP) a également réagi, et comme on l’imagine, pas positivement. MPLP fait observer qu’entre 2005 et 2015, le nombre de maisons médicales en Belgique est passé de 67 à 150. MPLP elle-même en gère 11, totalisant une patientèle de 25.000 inscrits. Les MM au forfait répondent à la problématique du report de soins faute de moyens, indique le Dr Sofie Merckx, la MG porte-parole du mouvement.
Un modèle attrayant pour la relève MG
Médecine pour le Peuple amène en outre le débat sur le terrain de l’attractivité de la profession de MG. «Il est incompréhensible que, dans un pays aux prises avec une pénurie de généralistes, on impose précisément un blocage des maisons médicales. Nos centres sont juste un exemple de collaboration multidisciplinaire qui constitue également pour les futurs étudiants un pôle d’attraction en vue d’opter pour la médecine générale.»
D’après Sofie Merckx, Maggie De Block a choisi son camp. «Au lieu de s’attaquer aux problèmes des salaires faramineux de certains spécialistes, elle préfère pratiquer des économies linéaires sur le dos de tous les médecins et, par-dessus le marché, elle vise spécifiquement les médecins à la fibre sociale.»
(*) D’après le Het Laatste Nieuws du 19 octobre, le budget est gelé, mais tous les projets introduits et approuvés avant le 8 octobre pourront continuer leur cheminement.