MRS et Covid : les médecins coordinateurs et conseillers peuvent-ils soigner les résidents ? (Sondage Aframeco)

L’Aframeco, l’Association francophone des médecins coordinateurs et conseillers (MCC), a tenu la première partie de son séminaire 2020, converti en double webinaire (*) et centré sur le coronavirus. L'occasion de lancer un sondage en ligne. Pas moins de 79% des institutions représentées dans l’assistance ont été frappées par celui-ci. Au printemps dernier, deux tiers des MCC ont dû prendre en charge médicalement les résidents. Était-ce leur rôle, en cas d’indisponibilité du MG? 76% des participants trouvent que oui.

Jean-François Moreau, président de l’Aframeco, a rappelé le rôle du MCC dans la prévention et le contrôle des infections. Circonstances covid obligent, celui-ci a parfois dû s’écarter de sa mission traditionnelle, endossant ici un rôle de médecin du travail (en dépistant le personnel) et là de médecin traitant (quand ce dernier ne venait plus à la MRS).

Tous les MCC n’ont peut-être pas montré la même flexibilité, a admis le président de l’Aframeco. Mais d’un autre côté, on sent que « certains ne sont là que parce que l’agrément l’exige, qu’on néglige leur avis au profit de directives médicales ‘venues d’en haut’. Il est arrivé par endroits qu’ils ne soient même pas invités par la direction aux réunions des cellules de crise ou de déconfinement. » Quant aux MG, tous n’ont malheureusement pas encore fait leur come-back dans les homes. A moins que ce ne soit le home qui leur refuse à nouveau l’entrée, s’estimant apte à les appeler au besoin.

Un sondage express a été effectué durant le webinaire, qui rassemblait 204 participants, dont 150 MCC, 4 médecins référents (MR), 22 directions de home et 8 infis chefs. Premier grand enseignement: à 79%, les institutions représentées ont été touchées par le covid.

Les directions participantes estiment à la quasi-unanimité que leur MCC a été présent durant la crise. Durant la 1ère vague, 93% des MCC déclarent avoir dû réaliser le testing des résidents (77% durant la 2ème vague). Pour plus des ¾ des participants, cette tâche médicale auprès des pensionnaires en cas de cluster est bien du ressort du MCC, comme veiller au respect des consignes thérapeutiques (70%) et au suivi des protocoles palliatifs (67%). En ce qui concerne cette fois le testing du personnel, les MCC ont été 2/3 à l’assurer au printemps dernier - ce qui, d’après 6 participants sur 10, n’est par contre pas leur rôle.

66% des MCC rapportent avoir dû, au printemps dernier, prendre en charge médicalement les résidents (contre 58% durant la 2ème vague). Pour 76% des participants, cette tâche incombe au MCC en cas d’indisponibilité du MG traitant.

Les répondants dans leur ensemble sont mitigés sur l’utilité du PIU, le plan interne d’urgence, qu’il leur a fallu rédiger pendant l’entre deux vagues : beaucoup d’absentions, et quasi autant d’avis négatifs que positifs. Ils sont également divisés sur la question : la formation des équipes aux situations palliatives est-elle suffisante ? (43% de ‘non’). Davantage d’unité, en revanche, par rapport aux projets de soins anticipés et personnalisés : 79% trouvent que les PSPA n’étaient pas présents pour chaque résident, ni adaptés au contexte covid.

Belle reconnaissance, enfin, pour l’Aframeco. +/- 7 participants sur 10 trouvent qu’elle les a beaucoup aidés à prendre en charge l’épidémie. C’est au niveau des recommandations prodiguées, des contenus de son site web et de sa fonction de ‘relais des préoccupations’ vers les autorités qu’elle a été jugée la plus utile. A 70%, les répondants estiment que les médecins de famille étaient informés des consignes thérapeutiques éditées par l’Aframeco et le Collège de médecine générale.

Dans ses conclusions, le Dr Moreau a insisté sur la nécessité de renforcer les liens entre les MRS et le service gériatrie de l’hôpital local, mais aussi d’en créer avec les cercles. Il serait en effet précieux de mettre sur pied des systèmes de remplacement entre confrères, pour compenser le fait qu’un MCC soit déficient par exemple, ou qu’un médecin traitant soit injoignable ou souffrant.

(*) la seconde partie du webinaire, intitulée «COVID-19, Panser nos bleus à l’âme» se tiendra le 19/12, de 9 à 13h. Détails sur http://www.aframeco.be/

> Découvrir l'intégralité des résultats du sondage express

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