Cinq ans après le meurtre du Dr Roelandt, la violence envers les professionnels de santé continue d'augmenter

Il y a 5 ans, le 1er décembre 2015, le MG flamand Patrik Roelandt était tué par un patient lors d'une visite à domicile. Depuis, le nombre d'actes de violence à l'encontre des prestataires de soins a augmenté de plus de 30 %. Domus Medica appelle le gouvernement à travailler d'urgence à une tolérance zéro face à ces comportements.

Le « Patrik Roelandt AntiAgressiegroep », fondé en mémoire de la victime, décerne chaque année un prix de la sécurité aux cercles et aux postes de garde qui lancent des initiatives concrètes pour accroître la sécurité des généralistes. Malgré ces initiatives locales émanant des prestataires eux-mêmes, la tendance ne s’infléchit pas. En 2015, 174 actes de violence contre des professionnels de soins ont été enregistrés par le ministère de la Justice; en 2018, ce nombre était passé à 234.

Comme l’explique le Dr Roel Van Giel, président de Domus Medica, il ne s'agit encore là que d'une sous-estimation puisqu'elle ne représente que le nombre de cas déclarés : "l'Ordre des médecins a enregistré 258 cas d'agression ces dernières années. Les agressions verbales arrivent en tête (138 cas), suivie des agressions psychologiques (69), physiques (45) et sexuelles (6). Mais seuls 7 nouveaux cas ont été notifiés entre mai et novembre 2020. On est certainement sous le nombre réel. Les médecins qui sont victimes de violence n'ont parfois tout simplement pas le temps de transmettre le rapport." Pour que la problématique reçoive l’attention qu’elle mérite, Domus Medica continue à appeler le corps médical à signaler toute violence au point central de notification des agressions ouvert par l'Ordre.

Corona et tensions accrues

Pour Roel Van Giel, « la période du corona s’avère particulièrement stressante. Les actes agressifs entrainent souvent un préjudice psychologique chez les médecins mais aussi le personnel de soutien, comme les assistants de cabinet ou le personnel d’accueil des postes, des centres de tri ou des urgences. Ils subissent actuellement une pression énorme, pour que les patients soient testés rapidement, pour que tout soit en ordre administrativement, et doivent souvent faire face à des gens en colère. Dans une période de crise où nous avons besoin de tous les bras, il est inadmissible que des soignants ‘ tombent’ à cause des conséquences (psychologiques) de la violence subie. »

Tolérance zéro et sensibilisation

Domus Medica réclame donc explicitement une tolérance zéro pour les agressions contre le personnel soignant. Roel Van Giel demande au ministre de la Justice, l’Open VLD Vincent Van Quickenborne, de joindre le geste à la parole en traduisant d'urgence les intentions de la déclaration politique dans la législation en la matière : « la violence à l'encontre des dispensateurs de soins est inacceptable. Toute personne qui s’en rend coupable doit comparaître devant un tribunal pénal ».

Outre cette tolérance zéro et cette efficacité dans la sanction, il faut aussi selon Domus des campagnes de communication qui soulignent que toute forme d'agression, physique ou verbale, envers les soignants est inadmissible. « Après tout, plus que jamais, les MG, les autres prestataires de soins et le personnel de soutien méritent le respect. »

> Le Medi-Sphère Journal 672 consacrera son dossier actualité à ce sujet. 

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