Vandenbroucke veut faire supporter le 2e mois de congé de maladie aux employeurs

Le ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke (Vooruit), avance une proposition de prise en charge par l'employeur du deuxième mois de maladie en guise de lancement de la seconde phase de sa politique en matière d'incapacité de travail qu'il espère voir aboutir avant la fin de cette législature, écrivent L'Echo et De Tijd dans leur édition de jeudi.

Les 420 millions de recettes tirées de ce dispositif serviraient à financer en partie une réduction des cotisations patronales.

"L'idée n'est pas de verser ces 420 millions d'euros dans le budget, mais plutôt de les rendre aux entreprises. Une petite partie de ce montant devra renforcer l'incitation à réembaucher les malades de longue durée, mais la plus grosse part sera reversée aux entreprises sous la forme d'une réduction générale des cotisations patronales", explique le ministre de la Santé, cité dans les deux quotidiens. Ainsi, les employeurs qui remettent au travail leurs malades de longue durée en sortiront gagnants et les autres y perdront, pointe L'Echo.

La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) n'a pas accueilli la proposition à bras ouverts. Son administrateur délégué Pieter Timmermans a évoqué une opération "poche gauche, poche droite" sur les ondes de Radio 1. La mesure ne peut fonctionner que si les employés, les caisses d'assurance maladie, les médecins et les autres parties prenantes sont également sensibilisés, estime M. Timmermans. "Dans ce pays, on se tourne vers les employeurs même lorsqu'il pleut", a-t-il déclaré.

Les organisations patronales Voka et Unizo se sont également montrées critiques.

La proposition risque d'ailleurs de ne pas passer telle quelle au sein de la coalition Vivaldi. Dans une réaction à Belga, le vice-Premier ministre MR David Clarinval a dit à son tour tout le mal qu'il pensait de cette idée. "Comme je l'ai déjà dit plusieurs fois lors des discussions en Kern concernant la réforme fiscale, je m'oppose à faire supporter la charge du 2e mois de congé de maladie sur les employeurs. À l'heure actuelle, les employeurs doivent déjà prendre en charge le premier mois d'absentéisme de leurs employés malades. Doubler cette période ne me semble pas être une bonne solution, car non seulement cela représente un coût de 420 millions à ; charge des employeurs, mais ne responsabilise nullement, ni certains médecins qui fourniraient des certificats de complaisance, ni les mutualités, ni même certains travailleurs absents de longue durée qui ne feraient manifestement pas assez d'efforts pour retourner au travail."

"En l'état, c'est une mesure qui va à l'encontre de la compétitivité de nos entreprises, élément important pour moi, qui fait partie d'un équilibre à atteindre pour la réforme fiscale", ajoute le ministre des Indépendants et des PME. 

Deux organisations défendant les indépendants sont d'ailleurs montées au créneau. Pour l'Union des Classes moyennes, la proposition de M. Vandenbroucke est "totalement irréalisable" pour les PME. "Cette mesure ne fait qu'alourdir le panier - déjà trop plein - des obligations des employeurs vis-à-vis de leurs collaborateurs."

Le Syndicat neutre pour indépendants (SNI) s'est quant à lui dit "abasourdi" par la sortie du ministre Vooruit. "Ce n'est pas ainsi que l'on va régler un des problèmes les plus importants de nos entreprises: leur compétitivité déjà fortement mise à mal par l'indexation automatique des salaires", a-t-il déploré, ajoutant que cette mesure risquait "encore un peu plus de dissuader tout patron d'engager du personnel au vu des risques encourus". 

La proposition de Frank Vandenbroucke s'inscrit dans le cadre de la réforme fiscale sur laquelle planche le gouvernement fédéral. Les libéraux ont conditionné celle-ci à une réforme du marché du travail. Ils ont présenté un plan qui, selon leurs calculs, permettrait de mettre 25.000 personnes au travail et apporterait les moyens permettant de financer une baisse d'impôt. Le Premier ministre Alexander De Croo avait donné comme échéance le 21 juillet (date de la fête nationale) pour faire aboutir la réforme fiscale. Mais la "vraie" date butoir pourrait aussi être le 31 décembre, comme l'a estimé mardi le président du MR Georges-Louis Bouchez

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Derniers commentaires

  • Martine LEGRAND

    14 juillet 2023

    La majorité nos malades n' est nullement responsable de ce qui leur arrive mais est-ce pour cela que les employeurs doivent être pénalisés .On est en train de tuer les petites entreprises .Qui osera encore engager ???Est-ce que notre pauvre malade dans le système français n' est pas pris en charge par la collectivité dès le premier jour de son incapacité ? Nous devons tout mettre en oeuvre pour que nos travailleurs ne tombent pas malades .cf l( épidémie de burn out . M Legrand