On peut difficilement le taxer d’être rétif aux TIC, lui qui cornaque la cellule e-santé de la SSMG. Pourtant, Vincent Parmentier couve d’un œil sceptique les nouvelles formules de mise en relation express d’un patient X avec un médecin Y dispo pas loin, ou encore de téléconsultation, telles qu’on en voit fleurir en France et chez nous. « Ce qui me dérange, c’est la création chez les gens d’un besoin de soin artificiel. Et qui ne souffre pas l’attente. N’est-on pas en train de ruiner des années d’efforts de la profession ? »
Le Dr Parmentier scrute régulièrement les multiples initiatives privées à dimension technologique (TIC, géolocalisation, visioconférence…) investissant la sphère des soins. Initiatives du tonneau, par exemple, des Médiveille ou Docadom français, qui connectent le patient appelant à un MG susceptible de le recevoir ou de passer prestement chez lui . Ou, dans un autre registre, des services de téléconsultation s’appuyant sur de la visioconférence, de type ViviDoctor.
N’importe quoi, pour n’importe qui
« Ce sont des plateformes technologiques dont la logique me dérange : avec leur discours marketing prononcé, elles s’emploient à faire germer des besoins et entretenir dans l’esprit de la population des attentes vis-à-vis des médecins. Dans le cas des systèmes de géolocalisation/mise en relation, par exemple, peu importe quel médecin sera dépêché vers le patient ou pour quel type de souci de santé. L’important, c’est l’immédiateté de la réponse au client », illustre-t-il. Ces dispositifs diluent le lien privilégié MG-patient. Depuis des années, autorités et généralistes travaillent pourtant à conforter la place du médecin traitant, ce référent qui suit dans la durée une personne et centralise ses données dans le DMG. « Ici, on cultive l’impression que les médecins sont interchangeables, qu’une prestation en vaut une autre. Personnellement, ce n’est pas comme ça que je vois mon métier. Peut-être me trouverez-vous ‘classique’, mais j’accorde de l’importance à des dimensions comme le contact humain, la relation de confiance qui se noue, le suivi dans la durée… »
Marchandisation rampante
Par ailleurs, Vincent Parmentier trouve désagréable et dangereux qu’on (con)fonde acte de soin et prestation de service. « Le soin, ce n’est pas une marchandise. Des opérateurs privés se mettent à occuper le champ de la santé - relevant jusqu’à preuve du contraire du secteur public. Je me méfie de cette évolution, porteuse d’une logique de marché. Ces opérateurs proposent parfois des prix intérieurs aux tarifs officiels [il cite l’exemple de Vivi Doctor et sa téléconsultation à 19,9 €]. L’acte médical s’en trouve dévalorisé. »
Du reste, toute imprégnée de « où-je-veux, quand-je-veux », l’offre de ces plateformes va à rebrousse-poil des « efforts consentis de longue date pour éduquer le public au bon usage des services de santé. Dans le cas de la médecine générale, c’est flagrant : les plateformes de mise en relation contredisent les années passées par les MG à décourager la visite de confort. Elles flattent la fainéantise des patients. »
Lire aussi: Téléconsultation: "On n’est pas en Alaska"
On ne peut mieux exprimer cela .... il y a un « discours marketing prononcé » qui encore une fois nécessite un leadership et une implication des médecins comme partenaires. https://t.co/yU7uS7avik
— Gilbert Bejjani (@drbejj) 2 octobre 2018
Le plateform technologie de teleconsultation doit simplifier la vie de medecins, les patients et les service d'etat. Nous sommes en Europe, et les patients sont de capaciter de connecter ces services partout deja. Dans nos voicins le marketing est beaucoup plus prononce.
— ViViDoctor (@vividoctor) 3 octobre 2018
Et on trouve que la critique "Elles flattent la fainéantise des patients" est partie d'un point de vue "medecin-centric" et pas "patient centric". Les deux sont important. cc @dr_wardsam @NatSchirvel @RIZIV_INAMI @EricVanDerHulst @j_detoeuf @numerikare
— ViViDoctor (@vividoctor) 3 octobre 2018
Bien sur. Pour exactement ces raisons Dans @vividoctor on cherche des parteneriats et des feedbacks de @absymtweets , @Domus_Medica...On est rien sans parteneriat des medecins.
— ViViDoctor (@vividoctor) 3 octobre 2018
Et la téléconsultation pourrait être un excellent moyen d'éduquer le patient et de réguler le parcours de santé!
— Nathalie Schirvel (@NatSchirvel) 2 octobre 2018
Même si le shopping médical n'est pas souhaitable, il existe et les patients veulent un tel service. Le travail de fourmi à petite échelle des généralistes d'éducation à la consommation des soins, n'a que peu d'impact sans une politique restrictive globale d'accès aux soins (1/2)
— Nathalie Schirvel (@NatSchirvel) 2 octobre 2018
(2/2) Cette régulation doit même s'opérer à l'échelle européenne car les plateformes seront transfrontalières (même si pas remboursées par la sécu). La fonction de la 1e ligne de soins est d'abord de rassurer. Les gens veulent être rassurés immédiatement. Et sont prêts à payer.
— Nathalie Schirvel (@NatSchirvel) 2 octobre 2018
> Le débat se poursuit sur @MediSphere et @numeriKare.be
Derniers commentaires
Anne RUELLE
03 octobre 2018tout a fait d'accord! un bon suivi 'et la relation privilégiée avec un patient :cela permet de poser un bon diagnostic
Philippe NOEL
02 octobre 2018Absolument de votre avis . De plus, qu'en est-il de la responsabilité médico-légale et déontologique de tels "prestateurs" de "soins" et de la continuité de soin qu'on nous impose à juste titre ? On ne peut pas appeler ce type de consultations à distance, totalement interchangeables, une continuité digne de ce nom !
Dr Philippe NOEL