Attitude des professionnels de la santé en France et en Belgique francophone vis-à-vis de la vaccination contre la variole du singe

La ré-emergence de la variole du singe (ou infection à monkeypox, MPX) en dehors de l’Afrique de l’Ouest en 2022 a principalement concerné des hommes ayant des relations avec des hommes (HSH). Le risque de contamination chez les professionnels de santé est possible, même s’il est considéré comme faible en cas d’utilisation correcte des éléments de protection individuelle; des cas de transmission nosocomiale ont été décrits lors d’épidémies passées, mais également lors de l’épidémie actuelle suite à une piqûre d’aiguille. Le virus est en effet retrouvé de manière importante dans l’environnement des patients hospitalisés avec la variole du singe. L’OMS recommande donc la vaccination du personnel de santé à risque d’exposition avec des vaccins contre la variole de nouvelle génération. Il est bien connu que l’hésitation vaccinale n’épargne pas les professionnels de la santé (PDS), comme montré dans des études sur la vaccination anti-grippale ou anti-Covid-19. Parmi les facteurs influençant l’acceptation d’un vaccin parmi les PDS, il y a la sécurité du produit et la confiance envers les autorités, mais également le risque perçu vis-à-vis de la maladie ou complaisance.

Afin d’évaluer l’acceptation d’un vaccin destiné à prévenir l’infection à MPX parmi des PDS, une enquête en ligne a été réalisée auprès de PDS de France (Saint-Étienne et Paris) et de Belgique francophone (Bruxelles & Wallonie) entre juin et août 2022. Les résultats montrent qu’en cas de recommandations spécifiques destinées aux PDS, seulement 55,4% des PDS interrogés accepteraient la vaccination contre la variole. L’acceptation était plus grande en cas de recommandation destinée à la population générale (79,1%). De manière intéressante, seule une minorité des répondants se sentaient à risque d’infection à MPX (11%) ou préoccupés par l’épidémie actuelle (21,9%). Ces résultats suggèrent qu’une communication, principalement dans les médias, présentant l’infection à MPX comme une infection bénigne, affectant les HSH, a pu favoriser un sentiment de complaisance parmi les PDS interrogés.

Enfin, en accord avec des études précédentes sur l’hésitation vaccinale parmi les PDS, différents facteurs influençant l’acceptation du vaccin contre la variole dans le contexte de l’épidémie à MPX ont été identifiés. Ainsi, les infirmiers/ères et les aides-soignant(e)s étaient moins enclin(e)s à accepter le vaccin en comparaison avec les pharmaciens et les médecins. La confiance envers les institutions, les agences gouvernementales, les médias et les sociétés pharmaceutiques, mais aussi l’enthousiasme à se faire vacciner contre le Covid-19 au début de la campagne en 2020-2021 étaient également associés à une plus grande acceptation du vaccin.

Les résultats de cette enquête indiquent donc l’importance d’une communication axée sur le risque professionnel en cas de promotion de la vaccination contre une maladie (ré)émergente à risque de transmission professionnelle comme le MPX. Les facteurs classiquement associés à l’hésitation vaccinale parmi les PDS démontrent l’importance de la formation en vaccinologie pour tous les PDS, que ce soit lors des études de base ou dans le cadre de la formation continue, en association avec une communication claire de la part des autorités de santé/gouvernementales sur les risques et bénéfices de la vaccination.

  • 1. Deputy Head of Clinic, Department of Infectious Diseases, CHU Saint-Pierre

    2. F.R.S-FNRS Post-doctorate Clinical Master Specialist, Institute for Medical Immunology, Université Libre de Bruxelles (ULB)

    3. Scientific Collaborator, School of Public Health, Université Libre de Bruxelles (ULB)

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