Suppression du remboursement des phono-consultations dès le 15 février

Les médecins généralistes ne seront plus rémunérés pour les consultations téléphoniques à partir du 15 février, une mesure décidée lors de la médico-mut du 31 janvier pour des raisons budgétaires. Cette mise à zéro, bien que temporaire, suscite l’inquiétude dans un contexte de pénurie de praticiens. Les consultations vidéo et les avis restent remboursés.

« Nous avions proposé la suppression pure et simple du code », explique le Dr Luc Herry (ABSyM). Cela aurait rendu sa liberté au médecin. Il aurait même pu utiliser des pseudo-codes. Mais le GBO et l’AADM ne nous ont pas soutenus. Sans eux et avec le blocage des mutuelles, nous n’avons pas pu faire passer la proposition. S’ils nous avaient soutenus, les mutuelles auraient peut-être suivi également. Alors, pour ne pas bloquer la situation, l’ABSyM a accepté la mise à zéro. »

À quoi le Dr Lawrence Cuvelier, du GBO, répond qu’en réalité, le GBO n’était pas fondamentalement contre la mise à zéro, ni même la suppression du code. « Mais le climat était très difficile. Même le ministre Vandenbroucke était contre la suppression, et l’argument de l’Inami a été de dire que le supprimer pour un temps puis le remettre était dénué de sens. Nous nous sommes rangés à cette réflexion. »

Introduites durant la crise sanitaire, les phono-consultations sont devenues un outil essentiel pour assurer une prise en charge rapide, notamment pour les patients en zone rurale, à mobilité réduite ou nécessitant un suivi médical régulier. Leur suppression brutale risque d’augmenter la pression sur les cabinets médicaux et les services d’urgence.

Les représentants des médecins alertent sur les conséquences de cette mesure, alors que la profession fait face à un manque croissant de praticiens. « Avec une suspension du remboursement, les médecins ne vont pas accepter de donner des téléconsultations gratuitement ou pour un euro dérisoire », assure le Dr Luc Herry. « Ce qu’ils vont faire, c’est transformer la téléconsultation en consultation ou en visite. C’est en tout cas ce que nous proposerons à nos membres. » Mais ce n’est pas sans dommages. « Les médecins ne peuvent pas absorber cette charge supplémentaire sans conséquences sur la qualité des soins », préviennent les syndicats. Ce sont surtout les généralistes qui vont se retrouver encore plus surchargés qu’ils ne le sont. Les spécialistes pratiquent moins la téléconsultation. Ils seront donc moins impactés, sauf peut-être les anesthésistes, qui devront faire leur contrôle final préopératoire en présentiel, alors qu’ils le faisaient souvent par téléphone après une première visite préopératoire en présentiel.

Une décision budgétaire contestée

L’INAMI justifie cette suppression par la nécessité de réaliser des économies. En 2024, les phono-consultations ont représenté un coût de 68 millions d’euros, un montant non prévu initialement. L’hypothèse selon laquelle ces consultations à distance remplaceraient certaines consultations en cabinet ne s’est pas vérifiée, la demande globale de soins ayant augmenté. « Et ce n’est pas nous qui créons la demande, ce sont les patients », fait remarquer le Dr Luc Herry.

Cette suppression est prévue jusqu’à fin juin 2025, le temps pour une commission de travail de définir le cadre des téléconsultations, incluant les critères de remboursement et les mesures pour éviter les abus. « On verra bien ce que cela donnera », commente le Dr Lawrence Cuvelier. Mais dans un contexte de gouvernement en affaires courantes, il est difficile de discuter sur des bases stables et on ignore tout de ce que fera le prochain gouvernement une fois en place.

Les syndicats médicaux regrettent que la médecine générale soit encore une fois mise à contribution pour compenser des dépassements budgétaires. Ils soulignent que la suppression des phono-consultations ne fera qu’engorger d’autres services plus coûteux, comme les consultations hospitalières. « Avec le reflux des contacts vers la consultation au cabinet ou la visite à domicile, les mutuelles et l’INAMI seront bien forcées, à un moment donné, de se rendre compte des conséquences de leur erreur : surcharge médicale accrue, explosion budgétaire, mal-être des patients et des médecins. On en verra encore un peu plus décider de quitter le pays », conclut le Dr Luc Herry. Là-dessus, les deux syndicats se rejoignent.

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