L’intelligence artificielle ne remplacera pas le médecin généraliste (Peter Peumans, IMEC)

Peter Peumans est chef du département de recherche en technologies de la santé à l’IMEC . Il a récemment esquissé pour le quotidien flamand Het Laatste Niews ce que pouvait impliquer l’intelligence artificielle pour le monde médical. 

« Ma vision de l’avenir est qu’elle aidera le médecin à prendre des décisions encore mieux fondées. Elle se comportera comme une sorte de collaborateur ou de collègue qui connaît toute la littérature scientifique et les plus récents développements. Elle pourra aussi analyser facilement le dossier du patient et ses données de santé, comme sa condition physique, voire même sa liste des courses au magazin, afin de trouver des liens entre elles ».

Ce spécialiste de l’IMEC (Interuniversitair Micro-Electronica Centrum, Leuven) insiste sur le fait qu’on devra pouvoir garantir l’absence de risque pour le patient dans le recours à l’intelligence artificielle. Mais « l’intelligence artificielle pourra peut-être rendre les soins de santé financièrement plus accessibles pour le grand public. » La valeur ajoutée qu’elle apporte en termes d’aide au radiologue ou pour l’analyse des données génétiques est démontrée. Il en va de même pour le développement de nouveaux médicaments.

« L’intelligence artificielle jouera aussi un rôle important en prévention, par exemple en détectant précocement des risques accrus de telle ou telle maladie. Le médecin pourra alors se comporter en coach qui connaît très bien son paient, pour adapter son style de vie. Il pourra suivre de près son état de santé et le réorienter si nécessaire. »

Par rapport à « Docteur Google », l’intelligence artificielle jouit d’un contexte bien plus large qui lui permet de fournir des réponses nettement meilleures, pour autant que le médecin et le patient comprennent bien comment le système fonctionne. Si une bizarrerie se présente, ils doivent être capables de rechercher l’erreur. « L’algorithme doit pouvoir expliquer sur quelles données il se base, faute de quoi personne ne pourra lui faire confiance.

C’est la raison pour laquelle ETRO, un groupe de recherche de la VUB, travaille à une « intelligence artificielle explicable », explique Peumans. Il s’agit d’une forme d'intelligence artificielle qui soit capable de décrire son objet, sa logique et sa prise de décision de manière intelligible à un non-spécialiste. « En collaboration avec l’UZ Brussel, ce groupe développe un algorithme capable de détecter à un stade précoce le déclenchement de maladies infectieuses à partir du dossier médical informatisé des patients. Avec l’intelligence artificielle explicable, il sera possible d’indiquer aux médecins quels sont les mots ou les données qui ont eu le plus d’impact sur les résultats émis par l’ordinateur, de sorte qu’ils comprennent mieux les recommandations qui s’ensuivent. » 

L’intelligence artificielle appliquée à la médecine peut aussi procurer des gains d’efficience, par exemple en prenant en charge préventivement certaines maladies. De cette manière, les patients auront moins besoin du médecin. L’intelligence artificielle pourra aussi rendre les consultations plus efficientes, ainsi que le montre le succès remporté par la start-up anversoise bingli, qui propose des « entretient médicaux intelligents » pour préparer, par exemple, une visite chez le médecin. Mais la conclusion de tout cela, selon Peter Peumans,  est que l’intelligence artificielle ne remplacera pas le médecin généraliste, parce que l’aspect humain reste primordial.      

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