DR © Valentin Lecocq
Plusieurs centaines d'étudiants et de membres du personnel académique de l'Université de Mons (UMons) ont manifesté jeudi pour exprimer leur colère après la décision de la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Glatigny de refuser l'habilitation pour un master en médecine. En présence du recteur Philippe Dubois, ils ont dénoncé "la vision élitiste" de la ministre et les conséquences de ce choix, notamment l'aggravation de la pénurie de médecins dans la région et les frais supplémentaires pour les étudiants.
La manifestation s'est déroulée en début d'après-midi et est partie de la plaine de Nimy, sur le camp us universitaire, pour rejoindre la Grand-Place. Dans les rues de la cité montoise, les étudiants ont entonné des chants dénonçant le manque d'écoute de la ministre et brandi des pancartes soulignant le besoin de médecins dans la région.
Ils estiment que la création d'un master à Mons encouragerait les Hennuyers à étudier et travailler dans la région, alors que la province du Hainaut souffre d'une pénurie de médecins. "Ce sont des retours qu'on a du terrain. La ministre le conteste mais les étudiants nous le disent", explique Emila Hoxhaj, présidente de la Fédération des Étudiants Francophones (FEF). "Il y a aussi une question d'accessibilité financière pour toutes et tous parce que les étudiants en médecine de l'UMons doivent actuellement quitter l'université après le bachelier pour étudier à Liège ou à Bruxelles, où les kots sont beaucoup plus chers."
Les trajets et les frais supplémentaires augmentent les risques de tomber dans la précarité pour les étudiants, ajoute l'organisation qui demande à la ministre de revenir sur sa décision.
Denoela, étudiante en Bac 1 de médecine à l'UMons et originaire de Charleroi, confirme que poursuivre ses études en dehors du Hainaut lui imposerait "beaucoup d'obstacles". "Pour venir à Mons, je fais déjà un trajet de 30 minutes de train tous les jours parce que je n'ai pas les moyens d'avoir un kot", explique-t-elle. "C'est très fatiguant parce qu'on termine les cours à 18h ou 20h. A Bruxelles ce serait impossible, pour les trajets comme pour le prix des logements."
Son amie Morena, elle aussi étudiante en première année, ajoute que le choix de l'université a une grande influence sur le lieu de travail après l'obtention du diplôme en médecine. "Quand on est interne, on fait nos stages dans les hôpitaux qui se trouvent autour de l'université. Et généralement, on reste dans l'établissement et la région où on a fait son stage."
Le recteur de l'UMons Philippe Dubois était également présent à la manifestation pour soutenir les étudiants et rappeler que l'université n'a pas abandonné son ambition malgré le refus politique. "La mobilisation démontre tout l'intérêt que les étudiants voient dans ce projet", explique-t-il. "Je n'ai jamais eu un tel soutien dans ma carrière, à tous les niveaux: les hôpitaux, les médecins généralistes, les instances politiques locales, communales, intercommunales et provinciales soutiennent le projet. Je ne vais donc pas baisser les bras car je pense qu'on peut atteindre nos objectifs, d'autant plus qu'ils sont dûment argumentés, l&eac ute;gitimes et validés par l'ARES (Académie de recherche et d'enseignement supérieur, NDLR)."
La semaine dernière, Valérie Glatigny a annoncé son refus de permettre à l'UMons d'organiser un master en médecine malgré l'avis favorable de l'ARES. Selon la ministre, l'ouverture de ce nouveau master engendrerait une augmentation des coûts et ne peut se justifier alors que le nombre de médecins est contingenté.
La décision a cependant été recalée par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ce jeudi et le dossier a été reporté, en raison de l'opposition des partenaires de majorité.
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