Voilà plusieurs mois qu’une pénurie de médicaments est constatée dans notre pays. Sur le terrain, les médecins et les pharmaciens doivent procéder de plus en plus fréquemment à des substitutions. Face à cette situation, Olivier Delaere, patron de Febelco, un important grossiste répartiteur du pays, a mené son enquête pour connaître l’ampleur du phénomène. Combien y en a-t-il ?
« Sur Pharmastatut, plus ou moins 380 médicaments sont en pénurie. Ce chiffre correspond aux produits annoncés en pénurie par l’industrie au cours des 30 derniers jours. Et les autres ? Ceux qui sont en pénurie depuis plus longtemps ? Il faut aussi en tenir compte. L’agence du médicament nous a confirmé notre interprétation. Le calcul exact permet donc de dénombrer 1239 médicaments indisponibles. »
Il interpelle le ministre fédéral de la santé Frank Vandenbroucke : « Nous avons un devoir de transparence et nous lui proposons 10 solutions pour sortir de cette crise : « La transparence que l’industrie pharmaceutique doit avoir sur ces stocks, l’obligation de stock à l’industrie, donner aux grossistes répartiteurs la possibilité de travailler sur le stock stratégique, donner la possibilité aux pharmaciens de substituer dans certains secteurs thérapeutiques, interdire le contingentement pour des raisons commerciales, réfléchir à l’importation parallèle, augmenter le prix de certains produits qui sont aujourd’hui trop bas, ramener des industries de production de médicaments en Belgique et enfin obliger l’industrie pharmaceutique à livrer les médicaments »
Réaction de Pharma.be
De son côté Phama.be, rappelle que «de nombreuses initiatives sont déjà prises en Belgique pour approvisionner les pharmaciens et les patients en temps voulu, en concertation avec l'Agence fédérale des médicaments et des produits médicaux (AFMPS). »
Face aux enjeux, Pharma.be ajoute aussi que « le maintien de la production locale en Europe est un enjeu majeur pour tous les secteurs industriels. L'augmentation des coûts salariaux et énergétiques signifie que la production à bas prix n'est pas compétitive et que ces activités se déplacent vers d'autres parties du monde. Le secteur pharmaceutique ne peut échapper à cette dynamique. Seules les activités à forte valeur ajoutée qui demandent beaucoup de connaissances spécialisées échappent pour l'instant à la danse. »
La question du prix est aussi évoquée : « Comme le prix d'un médicament est déterminé pays par pays par les gouvernements, on observe des flux depuis des pays où les prix sont bas vers des pays où ils sont vendus plus cher. Nous appelons cela l'exportation parallèle. Divers acteurs, tels que les grossistes-répartiteurs, s'y intéressent de plus en plus, alors qu'ils ont également l'obligation légale d'approvisionner le marché belge. Cela est parfois difficile à concilier. Le système des quotas tente de s'ajuster, mais il est souvent impossible pour les firmes pharmaceutiques de s'approvisionner suffisamment rapidement en cas de fuite à l'export. Augmenter la production n'est pas si simple ».