La saga du 1733 se poursuit. Une vingtaine de postes de garde et/ou de cercles médicaux wallons viennent de se réunir autour du Dr Delrée pour clamer leur fureur. Au lieu d’amener des solutions, les autorités compliquent les choses.

La circulaire du SPF Santé publique du 21 novembre 2022 sur les nouvelles modalités de fonctionnement du 1733 devait initialement entrer en vigueur le 21 février 2023. Suite aux protestations des cercles médicaux et postes de garde, son application a été reportée au 1er mars. Ce jour-là en début de soirée, les PMG recevaient un mail du SPF, disant n’avoir pas reçu d’information de leur part sur les mesures qu’ils avaient prises pour s’adapter aux nouvelles modalités. « Nous sommes obligés » poursuivait le message, « de transférer votre PMG à la phase 0 à partir de ce soir. Pour les codes postaux concernés, les citoyens seront donc informés que leur municipalité n’a pas d’opération 1733 ». Même les postes de garde qui s’étaient adaptés ont reçu le message. « C’est proprement scandaleux » s’exclame le Dr Delrée. « C’est une grave interruption du service. » 

Des interruptions, il y en a déjà eu plusieurs et les PMG ont été le plus souvent mis devant le fait accompli. Des messages erronés ont alors été délivrés au public sur des PMG soi-disant fermés, sur des horaires inexacts, etc. Les PMG ont constaté pendant les interruptions une baisse de fréquentation. Dans d’autres cas, l’attente au téléphone était interminable pour les patients. Des soins urgents ont sans doute été retardés. « Il est arrivé, dit le Dr Delrée, que des patients qui n’avaient besoin que de l’intervention d’un généraliste, soient emmenés quasiment de force en ambulance vers un service des urgences, parce qu’ils avaient été renvoyés vers le 112 ».  « C’est un vrai retour en arrière » regrette Yolande Moreno, des postes de garde de Huy et de Fléron. « Des patients se dirigent sans nécessité vers les services d’urgence alors que le 1733 devrait contribuer à leur désengorgement. » 

Les perturbations du 1733 sont liées à un manque de personnel et de financement. Mais il n’est pas rare qu’une fois engagés, ils demandent et obtiennent une mutation dans d’autres services, ce que le Dr Delrée qualifie de « tonneau troué ». Tout cela va sans compter avec la confusion qui risque de s’introduire dans l’esprit du public entre l’absence de réponse du 1733 et une sorte de grève des médecins. « Les généralistes sont au poste » rappelle Guy Delrée, « mais ils se retrouvent dans une chaîne dont le premier maillon ne fonctionne plus. »

Les informations sont floues et contradictoires. Le ministre Vandenbroucke a imposé sans concertation un manuel de tri en lieu et place du manuel wallon qui avait été longuement mis au point. « Le manuel qui nous a été imposé n’est pas adapté à la situation wallonne ».  L’absence de concertation de la part des autorités est un grief majeur. La circulaire a été imposée. « Les demandes de réunion sont souvent sans réponse et quand il y en a, c’est le plus souvent sur le mode de ‘cause toujours’ » ajoute le Dr Delrée. 

Tout cela est de nature à réduire l’attractivité du métier. « Dans notre région », dit le Dr Vincent Delecluse (Mouscron), beaucoup d’entre nous sont âgés. Et plusieurs jeunes médecins ont annoncé leur intention de quitter la profession … ».  Pour toutes ces raisons, les cercles médicaux et les PMG lancent un appel pressant à la concertation et veulent informer la population sur ce qui se passe. « Nous avons besoin d’un 1733 qui fonctionne bien » s’exclame le Dr Valérie Lebrun (Tubize-Soignies). Et Guy Delrée de conclure : « Ils jouent un jeu dangereux avec un jouet fragile, qui, s’ils le cassent, ne sera pas reconstruit ».

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