Directement chez le kiné sans passer par le médecin : mieux et moins cher ?

Dr Pieter Severijns © DR

Serait-il moins coûteux pour la société et mieux pour le patient, de pouvoir se rendre directement chez le kiné sans avoir de prescription du médecin en cas de lombalgies aiguës ? L’Inami a posé la question à un groupe d’universités. Elles lancent une étude pour pouvoir y répondre.

Chaque année, quelque 2 millions de Belges se plaignent de lombalgies aiguës. Ce type de douleur se caractérise par une apparition récente et une durée allant de un jour à six semaines. Elle s’accompagne ou non d’une irradiation vers le membre inférieur.

Une étude va tenter de savoir si, dans ce cas, le passage obligatoire chez le médecin avant le kinésithérapeute est plus efficace et moins coûteux que le traitement direct par le kiné. C’est l’Inami qui pose la question. A sa demande, des spécialistes en revalidation de l’UHasselt, de l’UAntwerpen, de la KULeuven et de l’UCLouvain mettent sur pied l’étude « Direct Physio » et font appel à des volontaires : « Nous sommes à la recherche à travers toute la Belgique de 600 personnes qui souffrent de lombalgie aiguë » expliquent le Dr Pieter Severijns et la Pr Lotte Janssens, tous deux de l’université d’Hasselt.

Perte de temps ou meilleure efficience ?

« Les personnes qui en sont atteintes peuvent être soulagées par un kinésithérapeute spécialisé dans les troubles musculo-squelettiques. En Belgique, contrairement à ce qui se passe dans une bonne moitié des pays européens, (par exemple aux Pays-Bas et au Royaume-Uni), on ne peut pas aller directement chez le kinésithérapeute. Il faut d’abord se rendre chez son médecin. C’est lui qui décide de d’envoyer la personne avec une prescription ou de ne pas l’envoyer chez le kinésithérapeute » rappelle le Dr Pieter Severijns.    

Ce délai de passage en consultation médicale entraîne-t-il une perte de temps inutile et par là, une moindre efficacité du traitement pour des douleurs d’apparition récente ? Ou vaut-il mieux que ce contrôle par le médecin aboutisse à un traitement plus adapté ? Et quel parcours est le plus avantageux du point de vue du rapport coût/efficacité ? C’est pour trouver une réponse à ces questions posées aux chercheurs par l’Inami, que l’étude est lancée.

Six cents personnes

« Concrètement, nous souhaitons pouvoir suivre à travers toute la Belgique 600 personnes de plus des 18 ans et de moins de 65 ans, souffrant de lombalgies aiguës. Nous mettrons directement en contact un groupe de 300 patients avec un kinésithérapeute pour qu’ils bénéficient d’un traitement adéquat. Les 300 autres suivront le trajet actuel vers leur généraliste, qui choisira le traitement » explique Pieter Severijns. « Nous sommes encore à la recherche de volontaires pour l’étude. Mais il est important de noter que les personnes qui souhaitent y prendre part ne doivent pas avoir pris de contact avec le médecin pour leur douleur. » 

Les chercheurs s’efforceront de déceler quel est le parcours qui vient le mieux en aide aux patients. De leur côté, les participants auront à tenir un journal relatant les dépenses auxquelles ils auront dû consentir pour leur traitement. « Cela concerne les consultations chez le médecin et le kinésithérapeute et aussi l’imagerie médicale et les médicaments en rapport avec leur lombalgie. Sur base de toutes ces données, nous voulons dresser un tableau des dépenses engendrées pour la société par l’un et l’autre trajet. Nous espérons ainsi à terme jouer un rôle dans la détermination du trajet de soins optimal pour les personnes qui souffrent de lombalgies », ajoute Pieter Severijns.

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    27 décembre 2022

    C’est quoi un « kinésithérapeute spécialisé dans les troubles musculo-squelettiques » ?
    Dans notre beau Royaume, des compétences particulières ont déjà été inscrites au Moniteur Belge, dans un A.R. de 2014.
    Six spécialisations y sont en effet promises :
    la qualification professionnelle particulière en kinésithérapie cardiovasculaire
    l a qualification professionnelle particulière en kinésithérapie en thérapie manuelle
    la qualification professionnelle particulière en kinésithérapie neurologique
    la qualification professionnelle particulière en kinésithérapie pédiatrique
    la qualification professionnelle particulière en kinésithérapie en rééducation abdomino-pelvienne et périnatale
    la qualification professionnelle particulière en kinésithérapie respiratoire
    Et même celles-ci, sont-elles bien représentées parmi les" omnispécialistes" ?

  • Benoit Grandjean

    26 décembre 2022

    Médecins ( y compris spécialistes), kinés, ostéos, devont communiquer plus et mieux, surtout dans le cadre de lombalgies à composantes multiples (ortho, rhumato, internes, psy, …). Nous ne devons pas nous sentir en concurrence mais bien en connivence. Bonnes fêtes à tous.