Dans le nouveau décret instaurant le concours d’admission aux études de médecine dans la Communauté française une décision est restée relativement inaperçue. Par rapport au décret de 2017 concernant l’examen d’entrée, le quota des candidats aux études de médecine qui ne résident pas en Belgique va être réduit de moitié. Cela vaut aussi pour les Belges qui habitent hors du pays.
Le décret du Gouvernement de la Communauté française instaurant le concours d’admission aux études en sciences médicales et dentaires en lieu et place d’un examen d’entrée a été publié le 20 janvier 2023. Une mesure importante, sans doute passée quelque peu inaperçue, y figure en plus de l’instauration du concours.
Pour les années académiques 2023-2024 à 2029-2030, le nombre de candidats non-résidents sélectionnés est fixé à 15% du nombre total de candidats pouvant être déclarés admissibles aux études au lieu du quota initial de 30% de non-résidents qui avait été fixé par l’article 6/2 du décret du 29 mars 2017 relatif aux études de sciences médicales et dentaire.
L’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur (ARES), dont la mission est de coordonner l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, précise toutefois qu’il « n’y a pas de limitation, que ce soit pour un.e candidat.e résident.e ou non-résident.e à l’inscription au concours d’entrée » mais seuls 15 % des non-résident.e seront admissibles pour entamer des études de médecine en Belgique. Toutefois, des accords passés avec le Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg permettent à certains étudiants, dans des conditions bien précises, de commencer ou de poursuivre leurs études chez nous. Ces accords sont assortis pour les étudiants belges de possibilités de stage au Grand-Duché.
Le Comité Inter-Universitaire des étudiants en Médecine (CIUM) estime que cette réduction est une mesure dérisoire. « La diminution du contingent d'étudiants étrangers » dit son président Basil Sellam, « ne permettra certainement pas de lutter contre les problèmes de pénurie. Le réel moyen de renouveler la force de travail est de diplômer un nombre suffisant d'étudiants avec des quotas revus nettement à la hausse. » Et à propos des médecins qui quittent le territoire une fois diplômés : « ce problème concerne également les médecins belges qui vont travailler à l'étranger pour avoir de meilleures conditions de travail et cela pourrait s'accentuer avec la détérioration de notre système de soins de santé. »
Il faut apporter une précision importante en rapport avec les notions de résident et non-résident. « Pour pouvoir être considéré comme étudiant.e résident.e » nous dit l’ARES, « l’étudiant.e, au moment de son inscription au concours, doit apporter la preuve qu’il ou elle a sa résidence principale en Belgique et qu’il ou elle remplit les conditions définies à l’article 1er du décret du 16 juin 2006 ». Concrètement, explique l’ARES, « un.e étudiant de nationalité belge qui n’a pas sa résidence principale en Belgique sera considéré.e comme non-résident. »
La ministre Glatigny rappelle aussi qu’un accord passé avec le ministre Vandenbroucke « offre la garantie à tous les étudiants déjà dans le cursus de disposer d’un numéro INAMI, ainsi qu’une objectivation des besoins en médecins sur le terrain de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avec un quota d’étudiants qui sortiront en 2028, qui passe de 505 à 744 numéros Inami. » Pour le CIUM, cette augmentation du quota n’est guère significative. « Connaissant la dynamique actuelle de la pénurie qui tend à s'aggraver, avec un vieillissement de la population de médecins, cela avant même la mise en place d'une quelconque sélection du côté francophone », déclare Basil Sellam, « cela ne permettra pas de contrer la pénurie. Et avec un nombre si faible de lauréats, la pénurie risque de s'accroître. »
Dans le concret, le nombre global de candidats admissibles aux études n’est pas encore connu actuellement. Le gouvernement doit fixer le nombre maximal au plus tard 10 jours avant la date du concours. Le décret précise qui instaure le concours précise que celui-ci « se déroulera en une session unique, entre le 16 et le 31 août qui précède l’année académique concernée. »
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Derniers commentaires
Francois Planchon
03 février 2023Il est donc de plus en plus urgent que les associations de médecins se coordonnent pour faire un inventaire dans le temps, tenu à jour, des besoins en médecins, dentistes, infirmiers... non seulement sur base des carences actuelles, mais aussi des départs futurs à la retraite, des statistiques de départs.
Seuls des chiffres inattaquables pourront piloter des quotas réalistes.... et faire fléchir une machine à broyer les professions médicales.