Il n’y a pas qu’en Belgique que l’on phosphore sur l’idée de (re)dégager le «temps médical» des médecins grâce à l’appui d’autres professionnels, comme des infirmiers qualifiés. La France cogite sur les «IPA», les «Infirmiers en pratiques avancées», auxquels déléguer des actes définis. Mais le profil des IPA, tel qu’il s’ébauche dans les hautes sphères, ne séduit pas les MG ‘libéraux’…
Dans le décret définissant le cadre de la nouvelle profession, actuellement en chantier, l’IPA a un parfum hospitalier prononcé. Ce n’est pas une surprise, en ce sens que des infirmiers spécialisés et «autonomisés» sur certaines tâches peuplent déjà les couloirs des hôpitaux, dans le domaine de l’oncologie par exemple. Mais alors même que le pays prône le «virage ambulatoire», le syndicat MG France trouve qu’on oublie les réalités de l’exercice extra muros et l’indispensable articulation à prévoir entre les IPA et ‘la ville’.
Pour MG France, il faut repenser le système pour coller à la nouvelle donne: «une transition épidémiologique de l’aigu vers le chronique, de l’hôpital vers la ville». C’est donc dans la coordination des soins, le respect du parcours du patient coordonné par le médecin traitant qu’il faut un «investissement massif». Et de reprocher: «l’IPA, tel qu’il est défini dans le projet de décret, ne correspond pas aux besoins d'un exercice coordonné de proximité. (On) fait des IPA des assistants de médecins spécialistes, sur le modèle hospitalier, dotés d’une certaine autonomie sur des actes techniques, sans préciser l’indispensable coopération avec le médecin généraliste traitant.» Le syndicat craint que l’on crée «un étage de soins indépendant» (émanation de l’hôpital), sans coopération balisée avec l’exercice coordonné de proximité.
Le syndicat de généralistes, qui a annoncé qu’il s’opposerait au projet de décret, liste tout ce qui ne va pas: absence de la dimension de coopération avec les équipes de soins de terrain, de la notion de coordination, de la notion de facilitation de l’accès aux soins…
Sur ce dernier point, comme le développe le député LR Jean-Carles Grelier dans son récent Livre blanc sur l’avenir de la santé (lire Medi-Sphere n°581), un IPA spécifique (qui serait dit ‘de premier recours’) pourrait dans un cabinet libéral se charger des «petites» consultations, du suivi de malades chroniques équilibrés, de renouvellements… répondant déjà ainsi aux besoins d’une partie de la patientèle et rendant le MG, denrée qui se fait rare, plus disponible pour les cas lourds.
Pour mémoire, la Région wallonne expérimente actuellement dans le cadre de la recherche-action Coming (ex-Assisteo), différents modèles de «tandems» infirmiers indépendants/MG.