France: temps d'attente et refus de nouveaux patients

La France, bien qu’elle ne fasse pas figure de cancre sur ce plan dans les comparaisons internationales, se penche sur les délais d’accès aux soins. L’urgence semble toujours assurée, mais de nombreux exemples de difficultés émergent, e.a. dans les zones sous-denses. Par endroits, on note un refus de rendez-vous non urgents et de nouveaux patients par saturation, notamment chez les MG.

La problématique des temps d’attente pour pouvoir consulter un médecin «a surgi dans le débat public depuis quelques années», estime-t-on en France. La Drees, un département de recherche, études et statistiques du ministère de la Santé, envisage donc de mettre en place un dispositif de mesure de ces délais, en fonction de la zone géographique, de la spécialité médicale ou des types de soins (des soins programmés, hors cas urgents, s’entend). Dans cette optique, une étude qualitative préparatoire a été commanditée, pour définir à quoi devrait ressembler un système de collecte opérant.

L’accès au médecin généraliste se fait «en principe sans attente excessive partout sur le territoire», mais des vagues de départs à la retraite dans certains coins ruraux ou péri-urbains y soulèvent «la question du (non) remplacement [de ces généralistes] et donc d’une possible extension du problème des délais d’attente à l’avenir», indique la Drees. Les MG faisaient par conséquent partie des praticiens libéraux ciblés par l’enquête (qui a également mis à contribution les agences régionales de santé, l’assurance maladie, les syndicats médicaux, l’Ordre, les hôpitaux, les patients…).

Outre une analyse bibliographique, pour repérer les enseignements tirés de travaux antérieurs, les auteurs se sont penchés – sans soulever un fol enthousiasme participatif de la part du corps médical – sur ce qui se passait dans une demi-douzaine de territoires infra-départementaux: l’Est de l’Indre, Lisieux (Calvados), Bobigny (Seine St-Denis), Fontainebleau (Seine-et-Marne), Roanne (Loire) et Guéret (Creuse). Une sélection qui reprend des périmètres urbains, péri-urbains, ruraux ou semi-ruraux et couvre une variété de réalités en termes d’offre (par exemple, une zone avec une densité moyenne de MG mais peu de spécialistes, ou l’inverse).

Ophtalmo et psychiatrie

Sans grande surprise, la question de densités médicales insuffisantes ou en décroissance a été abordée, partout, et signalée comme l’une des causes principales d’une dégradation des délais d’attente. Au point que des répondants se demandaient s’il était nécessaire de créer un dispositif de mesure spécifique alors que les indicateurs de densité sont parlants… L’évolution des pratiques, et en particulier des jeunes médecins, jouerait également un rôle important, ont relevé les enquêteurs. «La féminisation et la recherche de conditions de travail plus proches du salariat sont notamment citées dans le secteur libéral.»

Malgré la diversité des états de lieux entre territoires, plusieurs spécialités vivant une problématique de délai d’accès émergent: l’ophtalmologie (mentionnée sans exception), la chirurgie dentaire (très régulièrement citée), et la psychiatrie, surtout infanto-juvénile. Puis reviennent l’endocrinologie, la cardiologie, la gynécologie. Aucune difficulté majeure n’est signalée par contre pour la chirurgie orthopédique programmée ni pour la pratique de l’IVG.

«On est complet»

L’accès aux MG connaît des situations assez variables d’un territoire à l’autre. Un phénomène global se dessine: une augmentation de la fréquence des refus de nouveaux patients par saturation des médecins. La difficulté croissante de trouver un médecin traitant est souvent mise en avant, pour les nouveaux arrivants dans la région comme pour la patientèle d’un médecin qui vient de cesser son activité.

Enfin, l’adressage du MG vers le spécialiste est généralement perçu comme un moyen efficace de raccourcir les délais en fonction des besoins identifiés au cours du premier diagnostic.

Comment le patient réagit-il face à un délai important? Très diversement, ce qui complique l’intégration de cet aspect dans un outil de mesure, mais en général il procède par «contournement»: consultation à plus longue distance du domicile, prises de rendez-vous multiples et… report sur les urgences.

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