Incapacité de travail: L'Ordre se prononce sur les certificats «sous conditions»

Le Conseil national de l'Ordre des médecins a examiné la question de savoir si l’attestation d’une incapacité de travail « sous conditions » est conforme aux principes de la déontologie médicale.

Le Conseil national est interpellé par plusieurs employeurs qui reçoivent des certificats dans lesquels le médecin de l'employé déclare ce dernier apte au travail moyennant l’aménagement des conditions de celui-ci. Il s'agit par exemple de la possibilité de télétravail, de l'aménagement des horaires de travail, de la possibilité de prendre des pauses plus régulières, d'effectuer des tâches physiquement plus légères, d'adapter l'équipement, etc. Les propositions d'adaptation des conditions de travail se situent en dehors du processus formel de réintégration tel que stipulé dans le Code du bien-être au travail (art. I.4-72 et s.).

Compte tenu du contexte social et économique, dans lequel on observe une augmentation du nombre de travailleurs inaptes au travail et un besoin de flexibilité de la part de l'employeur et du travailleur ainsi qu’une tendance à rechercher un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, le Conseil national estime que l'approche dichotomique entre aptitude et inaptitude au travail n'est plus d'actualité et qu'il peut être opportun, tant pour l'employeur que pour le travailleur, que le médecin assortisse la capacité de travail de conditions, comme alternative à l'inaptitude totale au travail.

D'un point de vue déontologique, le médecin doit adopter une approche prudente lorsqu'il établit de telles attestations. Le médecin doit rédiger ces attestations de manière responsable, en tenant compte de la confiance que la société place en lui.

Concrètement, cela signifie qu'il :

- vérifie, en concertation avec le patient, si les adaptations proposées sont réalisables;

- implique le conseiller en prévention - médecin du travail dans le processus et, moyennant accord du patient, le contacte;

- limite dans le temps les ajustements proposés;

- réévalue régulièrement l'état de santé du patient.

L'employeur est libre d'accepter ou non les propositions d'aménagement des conditions de travail.

Enfin, le médecin doit veiller à ce que le patient conserve ses droits et avantages sociaux si l'employeur n'accepte pas les conditions d'aménagement (par exemple le bénéfice du salaire garanti).

C'est la raison pour laquelle une formulation claire est recommandée.

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Derniers commentaires

  • Sammie SOETAERT

    09 décembre 2024

    Il convient de tenter de comprendre les raisons qui font que les employeurs refusent les aménagements de poste de travail. Ce n'est pas toujours un manque de bonne volonté. Il y a plusieurs possibilités. Certaines postes de travail se prêtent au télétravail d'autre pas. Cela repose également sur la confiance réciproque. Certains employeurs sont refroidis par des expériences précédentes où ils ont été déçus par la confiance qu'ils avaient accordés. L'excès nuit en tout. Actuellement il y a un mouvement de retour en arrière par rapport au télétravail. L'excès de télétravail semble réduire la créativité par manque d'échanges entre collègues et nuit à la culture d'entreprise, le travailleur ne se sentant plus réellement faire partie de l'entreprise. Beaucoup d'employeurs se plaignent également du fait qu'ils ne trouvent plus de personnel disposant des compétences requises.

  • Nancy Jacquemotte

    09 décembre 2024

    Tout à fait d'accord avec les conditions d'aménagement de travail ! Nombre de mes patients qui sont atteints d'une maladie chronique invalidante, souhaitent poursuivre leur travail et non s'ennuyer chez eux et être au chômage ou sur la mutuelle.
    Mais, que se passe t-il pour le patient si l'employeur n'accepte pas les conditions , par ex le télétravail ?
    Dr.N.Jacquemotte

  • Thierry Martin

    02 décembre 2024

    "L'employeur est libre d'accepter ou non" est une formule à nuancer.
    Tout dépend s'il s'agit ou non d' "aménagements raisonnables" au sens de la loi.

  • Sammie SOETAERT

    02 décembre 2024

    Le conseiller en prévention-médecin du travail est le mieux placé pour proposer des adaptations du poste de travail (aménagements au niveau du temps de travail via les temps partiels thérapeutiques, adaptations des conditions de travail concernant le port de charges, les mouvements répétitifs...) des travailleurs salariés des entreprises en Belgique. D'une part parce qu'il a suivi une formation s'étalant sur 4 années (2 années de théorie à raison d'1 jour par semaine) et 2 années de stage à temps plein dans un service agréé, d'autre part parce qu'il a une connaissance de la réalité du monde de l'entreprise en effectuant des visites de lieux de travail ainsi qu'en participant à des réunions de concertation avec les employeurs et les délégations syndicales. Chacun son métier, les vaches seront bien gardées.