ITT et réintégration: du coup de pouce à la battue?

Ce week-end, le gouvernement fédéral a bouclé ses travaux budgétaires. Les ajustements sont associés à un large projet de réforme du marché du travail, qui fait fulminer les syndicats. Maggie De Block a écrit une partie de la partition, celle qui concerne «l’accompagnement des malades de longue durée vers le marché du travail». 

Parmi d’autres actions «visant à maintenir le budget de la sécurité sociale en équilibre», la ministre de la Santé publique a annoncé un ‘Plan d'action incapacité de travail’. Ce plan tient en un renforcement du trajet de réintégration des malades de longue durée dans le circuit professionnel. «En concertation avec les partenaires sociaux, tant les employeurs que les employés seront ainsi responsabilisés», indique Maggie De Block. Concertation qui promet d’être animée, les syndicats tirant déjà à boulets rouges sur toute une partie de la réforme, à commencer par l’annualisation du temps de travail.

D’après ce que la communication ministérielle en dit actuellement, le ‘renforcement’ passe par une connaissance plus approfondie des situations, au cas par cas. «La manière dont un travailleur évalue ses chances de retour au travail, est en soi un bon indicateur pour décider si un trajet de réintégration individuel a de bonnes chances de réussir», estime la ministre.

La collecte d’infos sur cet état – et état d’esprit – se fera en deux temps. Au bout d’un mois de maladie, le travailleur recevra un questionnaire de la mutuelle sur sa situation. Ses réponses éclaireront le médecin conseil sur les facteurs favorisant ou entravant le retour au travail – et donc sur l’opportunité de mettre en œuvre un trajet. Après six mois, il sera convoqué à un entretien personnel avec un collaborateur de la mutualité, avec la même finalité. S’il refuse de collaborer ou ‘brosse’ l’entretien, il perd une partie de son allocation, prévient le cabinet. «Cette mesure sera discutée avec les partenaires sociaux et développée concrètement.» Recettes estimées: 8,3 millions d’euros en base annuelle.

Quelque 23 autres millions d’économies devraient, en 2016, découler d’une plus grande uniformisation au niveau de la reconnaissance de l’incapacité de travail ou de la perte des capacités de travail à 66%. L’Inami devrait traquer les anomalies dans ces reconnaissances, ce qui devrait conduire à la réévaluation du statut d’un certain nombre de personnes.

Comme déjà indiqué par le passé, Maggie De Block veut, dans le domaine de la réhabilitation socio-professionnelle, intensifier la circulation d’infos entre médecins (médecins conseils, médecins du travail des entreprises et médecins traitants). «Les trajets de réintégration obtiennent un taux de réussite maximal si tous les médecins concernés échangent rapidement les informations entre eux. C’est pour cette raison que les médecins reçoivent, pour leur collaboration, une indemnité limitée supplémentaire par patient

Enfin, le gouvernement Michel compte discuter avec les partenaires sociaux d’une proposition visant, dit-il, à les responsabiliser. Les employeurs devraient veiller à ce qu’aussi peu de personnes que possible soient, dans leur entreprise, des malades de longue durée (en burn-out par exemple). Dès lors, promet Maggie De Block, «les entreprises qui investissent dans la réintégration des travailleurs en incapacité de travail seront encouragées». Autre coup de fouet imaginé par la suédoise pour que les patrons oeuvrent au prompt retour de leurs absents: pendant un certain temps (non précisé) après le salaire garanti en cas d'incapacité de travail, la mutualité ne paierait plus qu’une partie de l’allocation, la partie restante devant être versée par l'employeur.

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