Le 19 mai est la journée mondiale des médecins de famille. Le Collège de Médecine Générale et sa présidente, le Dr Anne Gillet, insistent sur l’importance du thème retenu : la santé environnementale et celle des patients. Elle ajoute que la santé du médecin et la santé de l'environnement sont liées l’une à l’autre.
Le Collège de Médecine Générale se préoccupe de pas mal de problèmes de santé et est sensible aux prises de position de l’Organisation Mondiale des Médecins de Famille (WONCA). La Fédération focalise cette année l’attention sur la santé environnementale. « C’est une préoccupation relativement récente du monde médical », commente le Dr Gillet. « Par exemple : dans le domaine des prescriptions médicamenteuses, précédemment, nous étions préoccupés essentiellement par les interactions médicamenteuses dans la poly-médication. Aujourd’hui, nous y ajoutons une préoccupation environnementale, qui est un sujet d’avenir ». Et de rappeler que le médecin généraliste a un rôle primordial à jouer dans la prévention. Le quatrième niveau de celle-ci est l’action menée pour identifier les risques de surmédicalisation, protéger les patients d’interventions médicales invasives si possible en favorisant l’écologie et la démédicalisation d’un certain nombre de démarches santé. « Dans ce cadre, souligne Anne Gillet, nous devons être attentifs à nos prescriptions. L’heure est à la dé-prescription dans la mesure du possible. Nous devons nous demander quelles sont les conséquences écologiques de nos prescriptions et nous interroger sur la nécessité de prescrire tel ou tel médicament. L’impact écologique se joue aussi bien dans la fabrication des médicaments que dans les métabolites que le patient déverse dans le milieu ambiant après les avoir pris, dans les matières fécales ou dans les urines. » Un exemple bien connu cité par la présidente du CMG est celui des œstrogènes présents dans les eaux usées. Un autre exemple est celui des ordonnances d’aérosols-doseurs pressurisés, qui représentent environ 3 % de l’ensemble des émissions liées aux soins de santé. Il faut s’interroger sur la manière de réduire ce type de pollution.
Mais cela suppose aussi une autre dimension, fait remarquer le Dr Gillet. Pour elle, le médecin ne sera capable de prendre valablement en considération ce type de problématique, que s’il est lui-même en bonne santé physique et psychique. C’est une condition de base pour l’exercice correct de la médecine, tout simplement. « Balint ne disait-il pas », cite le Dr Gillet, « que le premier médicament prescrit est le médecin lui-même » ? On ne peut ignorer la situation dramatique de certains médecins généralistes. « Il est nécessaire de s’en soucier », clame le Dr Gillet. « Nous ne pouvons pas laisser sans réponse une telle détresse. » Les moyens qu’elle propose sont une refonte du système de soins de santé avec une articulation bien pensée entre les différentes lignes de soins, avec des rapports cohérents entre les différents niveaux de dispensation des soins, pour en accroître l’efficacité et pour rendre supportable pour tous la réponse aux besoins de santé de la population. Un financement du métier du généraliste à hauteur de ses missions, sa valorisation intellectuelle et morale, le soutien dans ses missions les plus difficiles au contact des populations les plus fragiles et difficiles, le soutien correct des permanences de soins qui aujourd’hui plombent particulièrement la qualité de vie des médecins. « Les généralistes – jeunes et vieux – doivent jouir d’une meilleure qualité de vie, pour être capables d’assurer avec aisance leur mission de soins. »
Le Collège de Médecine Générale se déclare donc pleinement solidaire de la Journée Mondiale du Médecin de Famille, conclut le Dr Gillet. Mais en tant que groupement réunissant de nombreuses associations médicales, il a choisi de laisser à chacune des organisations membres la possibilité de s’exprimer en tant que telle. Une position officielle du Collège aurait d’ailleurs nécessité un consensus et aurait privé chaque groupe de la possibilité de prendre une position spécifique. Le Collège travaille très activement à la préparation du congrès de novembre, préparation qui occupe largement ses ressources et qui s’inscrit pleinement dans les thèmes de la Journée Mondiale.
> Voir la présentation de la WONCA sur le World Family Doctor Day
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