La 6e réforme de l’Etat accouche d’un nouvel OIP, organisme d’intérêt public, en Wallonie. Si elle n’a pas encore de nom «sexy», «l’Agence wallonne de la Santé, de la Protection sociale, du Handicap et des Familles» gérera bien les compétences de la santé, du bien-être, de l’accompagnement des personnes âgées, du handicap et des allocations familiales.
«Il s’agit clairement, avec cet OIP, d’un des chantiers les plus importants de la législature pour mon cabinet. Un nom définitif sera choisi au plus tard vers le mois de novembre. Nous avons eu plus d’une centaine de réunions préparatoires pour essayer de tenir compte des avis des différents intervenants», souligne Maxime Prévot, ministre wallon de la Santé.
«L’agence sera mise en place le 1er janvier 2016 pour assurer une plus grande cohérence et une réelle simplification. Les politiques concernées sont, aujourd’hui, trop éclatées. Nous avons rationalisé les organismes. J’ai évidemment conscience que certains médecins et intervenants du secteur hospitalier évoquent une certaine déception. Ils voulaient une plus grande représentativité aux différents étages. Nous ne pouvions toutefois pas, en termes de bonne gouvernance, avoir des comités de plus de 65 personnes.»
Le ministre cdH ne s’inquiète pas pour les médecins, par exemple: «Les organisations qui les représentent savent qu’ils seront très bien représentés à chaque fois que le secteur de la santé sera sur la table des discussions. Même chose pour le monde hospitalier lorsqu’on évoquera notamment les agréments.»
Trois missions
Concrètement, la nouvelle agence mènera trois politiques majeures:
1) les politiques en matière de bien-être et de santé (le remboursement de prestations de sécurité sociale en santé en maison de repos et de soins, l’organisation de la première ligne d’aide et de soins, la prévention et la promotion en matière de santé); 2) la politique du handicap (certaines des compétences qui relèvent de l’AWIPH actuellement, soit l’aide à l’aménagement du domicile, le financement des politiques d’emploi, les politiques relatives à l’accueil et l’hébergement des personnes handicapées…) et 3) les politiques familiales (la définition des prestations d’allocations familiales principalement, le paiement de ces allocations et le contrôle des caisses y afférant…).
Les trois branches de la nouvelle Agence wallonne de la santé gèreront de manière autonome leur budget respectif. Un «conseil de stratégie et de prospective» va voir le jour à leurs côtés. «Des experts y remettront un avis sur les textes à portée générale (décrets, arrêtés…), renouvelant ainsi la fonction consultative. Ils pourront aussi évaluer les politiques ou faire des propositions de recommandations à long terme», explique Maxime Prévot.
«Le conseil stratégique et de prospective aura également un rôle de veille politique entre les décisions prises aux différents niveaux de pouvoir en matière de santé.»
Pour Paul Magnette, ministre président wallon, l’importance de ce nouvel OIP n’est plus à démontrer: «Après le Forem, qui pèse un peu plus de cinq milliards, ce sera l’OIP qui aura la voilure budgétaire la plus conséquente avec 4,250 milliards d’euros de moyens pour la mise en oeuvre de cette politique. Les différents agents de ce futur OIP seront localisés dans l’actuel bâtiment de l’AWIPH, d’une part, et dans l’ancien hôtel de police de Charleroi, dont les travaux d’aménagement débuteront prochainement», note un ministre-président heureux pour sa ville. «Ce dossier était difficile. Je félicite le ministre Prévot pour son travail. J’avais déjà pu me rendre compte, lorsque j’avais été brièvement ministre wallon de la Santé et de l’Action sociale, des sensibilités très variées des associations de santé et des acteurs de terrains.»
Reste aux acteurs de terrains et au personnel médical d’appréhender au mieux les dédales de cette nouvelle administration…